TITRE : Un truc de Tueuses suite de Des ombres plein le coeur.
AUTEUR : June87
FEEDBACK : june87@caramail.com
SPOILERS : Saison 7.
RATING : PG-13
DISCLAIMER : Faith, Buffy et tous les autres personnages appartiennent à Joss Whedon, WB, etc.
RESUME : En quoi consiste cette relation étrange entre deux Tueuses que tout oppose ? Saura-t-elle résister à la jalousie ou au temps ? Cet épisode ne dit pas tout, mais il éclaire la voie... D'autres énigmes sont posées aussi, à vous de les découvrir.

PARTIE 1   PARTIE 2

PARTIE 1

Cuisine de Buffy Summers. Matin.

Giles était assis devant la table de la cuisine des Summers, devant un amoncellement de papiers qu’il examinait attentivement tout en buvant une tasse de thé. Buffy descendit à ce moment-là les escaliers, et jeta un coup d’œil à Giles.

Buffy : "Vous êtes déjà levé ?"

Giles : "Je le crains fort."

Buffy : "Remis d’hier soir ?"

Giles (levant un œil circonspect sur elle) : "Seule ma dignité à quelque peu souffert…"

Buffy : "Les filles ont beaucoup ri en tout cas ! J’ai adoré le passage où vous disiez «appréhender chaque mouvement de l’adversaire, percevoir chaque frémissement des feuilles dans les arbres à au moins un kilomètre de circonférence» et que le vampire vous est tombé dessus !!"

Giles : "Je n’ai jamais parlé de frémissements !"

Buffy (souriant malicieusement) : "La fin de votre phrase a dû se perdre dans la bataille…"

Giles : "Pourrait-on revenir à des choses plus sérieuses ?"

Buffy (se préparant le petit déjeuner) : "Juste une chose.. pourquoi vous ne nous aviez pas parlé plus tôt de cette histoire chez Robson ?"

Giles : "L’occasion ne s’était pas présentée... j’avoue que les événements se sont enchaînés et que je n’avais jamais trouvé un moment pour vous en parler."

Buffy : "Vous avez quand même failli mourir !!"

Giles (souriant) : "Un observateur de ma trempe s’en sort toujours !"

Buffy : "Oh oui c’est sûr… heureusement que les Bringers portent des chaussures ! Enfin, ça a toujours impressionné votre nouvelle protégée !"

Giles : "Cho An est avant tout ta protégée."

Buffy : "Avouez que vous la trouvez craquante !"

Giles : "Buffy, c’est une gamine !"

Buffy : "Il n’empêche que vous passez votre temps à lui parler… enfin à tenter de communiquer avec elle, et elle a même réussi à vous traîner dans des boutiques !"

Giles (levant les yeux au ciel) : "Comment peux-tu te préoccuper de ce genre de futilités avec les dangers qui nous guettent !"

Buffy (se renfrognant) : "Bien sûr… le Premier !"

Giles (désignant les papiers devant lui) : "Non, pire que ça… les factures !"

Buffy marqua un temps d’arrêt et éclata de rire.

Buffy : "Enfin, maintenant vous êtes là, vous allez pouvoir vous occuper de tout ça."

Giles posa des yeux incrédules sur Buffy, il avait l’impression d’entendre la jeune fille un an auparavant, quand il avait dû partir pour qu’elle arrête de se reposer trop sur lui. Comme quoi, elle ne perdait jamais ses bonnes habitudes, l’apprentissage serait plus long qu’il ne l’avait pensé.

Giles : "S’il te plait, viens t’asseoir ici, c’est à toi de t’en charger."

Buffy (faisant la moue) : "Très bien, j’arrive."

Elle prit une tasse et un fruit et vint s’asseoir en face de lui.

Buffy (regardant les papiers avec découragement) : "Je préfère affronter le Premier…"

Giles : "Buffy !"

Buffy : "J’ai très bien réussi à me débrouiller quand vous n’étiez pas là vous savez…"

A ce moment précis, Willow entra dans la cuisine.

Willow : "Hé ! Bonjour vous deux ! Qu’est-ce que vous faites ?"

Buffy : "Factures."

Willow : "Oh… tu peux les poser dans ma chambre, comme d’habitude si tu veux…"

Willow leur adressa un gentil sourire et remonta à l’étage non sans avoir pris deux tasses de café et deux croissants qui restaient pour elle et Kennedy. Giles fixa sa Tueuse.

Buffy : "Heu… quand elle était en Angleterre je m’en sortais !!"

Giles : "Si Dawn n’était pas si nulle en maths, je penserais presque que c’est elle qui réglait les factures !"

Buffy : "Très drôle !"

Cette fois, ce fut Faith qui arriva dans la cuisine.

Faith : "Salut Rupert !"

Giles : "Bonjour Faith."

Faith : "Vous faites quoi ?"

Giles : "Nous parlons factures."

Faith (sarcastique) : "Oh… le pied !"

Buffy lui jeta un petit regard en coin. Faith afficha de ne pas l’avoir remarqué et passa derrière le bar pour se préparer à manger. Buffy se mordilla distraitement la lèvre inférieure, comme à chaque fois qu’elle était embêtée. Depuis les événements autour de Jess, moins d’une semaine plus tôt, Faith se montrait assez froide avec elle, voire indifférente. Buffy avait du mal à comprendre son attitude qu’elle mettait sur le compte du ressentiment que la brune devait encore nourrir à son égard à cause de la tentative de suicide de Jess. Pourtant Buffy n’était définitivement pas responsable et Faith elle-même l’avait reconnu… alors qu’est-ce qui pouvait bien clocher ? La Tueuse blonde n’osait pas aborder la question, car Faith paraissait très cool et en phase avec tout le monde, hormis elle-même, et qu’elle ne voulait pas la faire replonger… les paroles de Spike le soir où elle l’avait emmené à l’Initiative sur le fait que c’était peut-être en voulant l’aider qu’elle faisait du mal à sa compagne l’avait marquée.

Giles : "Mais je ne t’ai jamais demandé, comment as-tu fait pendant ces vacances, avant de trouver ce job de conseillère ?"

Buffy sursauta, la voix de Giles la ramena au présent et au fait que son observateur n’avait sans doute pas, comme tout le monde d’ailleurs, remarqué ses dissensions avec Faith.

Buffy : "Heu… comment quoi ?"

Giles : "Comment t’es-tu débrouillée pour payer les factures ?"

Buffy : "Oh… (adoptant volontairement un ton plus léger) grâce à ces facultés que si peu de femmes ont, si vous voyez ce que je veux dire… Beaucoup de gens étaient ravies de me payer pour ça !"

Giles (ouvrant de grands yeux) : "De… quoi ?!"

Buffy (fronçant les sourcils) : "Hé ben oui pour… (réalisant) Giles ! Vous êtes impossible ! Je parlais de mes facultés de Tueuse, pas de ma libido débordante !"

Giles : "Disons que je n’ai pas entendu cette dernière phrase… Attends une seconde… tu vendais tes facultés de Tueuse !!?"

Buffy (d’une petite voix) : "Heu, oui."

Giles : "Ce qui signifie ?"

Buffy : "Que les gens étaient ravis de me payer quand je leur sauvais la vie… mais je ne l’ai pas fait souvent…"

Giles : "Buffy ! C’est absolument amoral !"

Buffy : "Pourquoi ?"

Giles : "Tu es une Tueuse, ta mission est d’aider les gens !"

Buffy : "Mais je les aide…"

Faith (intervenant) : "Angel a bien une agence où il se fait payer pour aider ceux qui lui demandent…"

Giles : "Ca n’a rien à voir, déjà Angel n’est pas la Tueuse, son action a quelque chose de rédempteur et de fort honorable, quoique je puisse penser de cet individu. Ensuite, il ne se fait payer que pour les gens qui viennent le voir, et non après avoir empalé un vampire dans la rue !"

Buffy : "Je tuais des démons aussi…"

Giles : "Tu as écouté ce que je viens de dire ? Une Tueuse se doit de faire preuve d’humilité et de don de soi."

Buffy : "Mais je me faisais payer avec toute l’humilité du monde !"

Faith : "Ouais, vous savez comme Buffy est humili…"

Giles : "Humble ?"

Faith : "C’est ça, humble, elle l’est vachement… Pas du tout le genre de fille à vous envoyer un pieu dans le cœur quand vous avez le dos tourné !"

Buffy tourna vivement la tête vers elle, percevant le ton acerbe de Faith.

Buffy : "Je…"

Giles (pour détendre l’atmosphère qui venait brusquement de s’alourdir de plusieurs tonnes) : "Bien, mais je suppose que ces « paiements » ne suffisaient pas à tout payer dans la maison ?"

Buffy (distraitement) : "J’ai fini par trouver un emploi de vendeuse dans une boutique…"

Giles : "Vraiment ?"

"Elle vendait des chaussures… c’était passionnant !"

Ils se tournèrent vers la voix, qui n’était autre que celle de Dawn. La jeune clé descendit les dernières marches de l’escalier et salua tous le monde.

Buffy : "Oui, des chaussures…"

Dawn (souriant) : "J’ai eu des super prix !"

Buffy (lui lançant un regard assassin) : "Ravie que ça ait au moins plu à une personne dans cette famille !"

Dawn : "C’était pas mieux que de vendre des humburgers ?"

Elle piqua des céréales dans le bol de Faith.

Faith : "Hey !"

Dawn : "Quoi ?"

Elles rirent. Buffy ne put empêcher une pointe de jalousie de venir se planter dans son plexus.

Buffy : "Oui, devoir supporter les vieilles bourgeoises de Sunnydale qui doivent essayer au moins 20 paires de chaussures avant de se décider à ne rien prendre, tout en écoutant d’une oreille polie que (prenant une voix hautaine et méprisante) « Miss Baker a trompé son mari, d’après ce que Miss Thompson a dit à cette chère Mary Elisabeth ! »"

Dawn (éclatant de rire) : "N’empêche, tu as quand même tenu un mois… un record !"

Buffy : "Je me demande si à la prochaine apocalypse je ne pourrais pas donner une ou deux de ces vieilles peaux comme offrande au Premier ?"

Giles : "Je crois que c’est exclu."

Buffy : "Je savais que vous diriez ça… quel rabat-joie !"

La sonnerie de la porte d’entrée retentit. Buffy s’apprêta à se lever.

Dawn : "J’y vais !!"

Giles : "Buffy, assis ! (Elle se rassit avec un air de chien battu) Ce n’est pas la peine de me regarder comme ça, tu vas les payer ces factures !"

Il lui tendit un tas de feuilles, qu’elle contempla avec désespoir.

Dawn : "Faith !!! C’est pour toi !"

La Tueuse brune se dirigea nonchalamment vers la porte. Buffy fronça les sourcils.

Buffy : "Vous pensez que c’est qui ?"

Giles : "Nous le saurons dans très peu de temps."

Elle fit mine de s’absorber dans les factures.

Buffy : "Vous n’êtes pas du genre curieux."

Giles : "Ce défaut te tuera un jour…"

Buffy : "Je suis déjà morte, alors je crois que je ne crains plus rien !"

Buffy (après un silence faussement concentré) : "Elle en met un temps !"

Giles (excédé) : "Très bien, vas-y. Mais je te préviens que tout de suite qu’après tu vas… (il regarda la chaise vide qui lui faisait face) …devoir finir ça."

Il soupira et but une gorgée de thé avec une grimace.

Giles : "Froid. (Secouant la tête) Humm, vivement l’apocalypse !"

Buffy arriva à la porte d’entrée et entendit des cris extasiés de Faith. Interloquée, elle franchit la porte et se retrouva… devant une Harley.

Buffy : "Qu’est-ce que… ?"

Dawn : "Tu ne t’en souviens pas ? C’est celle de Faith, enfin de son père… quand on était à Lamesa, elle l’a découverte dans une grange…"

Buffy : "Mais qu’est-ce qu’elle fait là ?"

Dawn : "Le livreur vient de partir."

Buffy : "Oui, mais…"

Faith : "Elle est absolument parfaite !"

Buffy : "C’est toi qui l’as fait livrer ici ?"

Faith : "Tu as vu ça Dawn, ils ont même réussi à retaper les jantes…"

Buffy : "Dawn, demande-lui pourquoi cette moto est ici."

Le regard de Dawn passa de l’une à l’autre des Tueuses.

Dawn : "Heu… je vais vous laisser moi, je vais devoir partir au lycée de toute façon…"

Dawn s’éclipsa. Buffy croisa les bras, fixant Faith qui faisait le tour de l’engin avec un air de pur émerveillement. Au bout d’un moment, elle s’arrêta et fut bien obligée de rompre ce silence.

Faith : "Les affaires ont été longues à régler au ranch… les types qui aidaient mon père voulaient poursuivre son affaire… Il y a eu pas mal de négociations, mais on a réussi à s’entendre, ils ont gardé le bétail et les chevaux mais j’ai vendu la propriété et récupéré la majorité de ce qu’elle contenait. Une partie sera pour Jed, je lui ai ouvert un compte. Les meubles sont dans un garde-meuble à Lamesa, pour le jour où j’aurais un appart. La Harley est passée par un garage avant d’arriver ici, je n’aurais pas eu le temps de la réparer moi-même."

Buffy regarda Faith, sans voix. Comment la brune avait-elle réussi à gérer tout ça toute seule, et avec responsabilité en plus, sans même lui en parler ? Faith avait bien changé, avoir un frère à charge avait dû la faire évoluer plus que Buffy ne l’aurait pensé. Où alors c’était elle qui la méjugeait depuis toujours…

Buffy : "Tu ne m’as jamais parlé de ça…"

Faith : "C’était mon problème. Tu vois, je suis assez grande pour m’en sortir seule !"

Buffy : "Je n’ai jamais dit le contraire !"

Faith : "Vraiment ? Peu importe."

Buffy : "Tu n’as toujours pas ton permis moto par contre…"

Faith : "Tu ne crois pas que la police a mieux à faire avec la recrudescence de violence de la ville ?"

Buffy : "Mieux à faire que mettre en prison une ex-détenue dangereuse ? Je n’en jurerais pas."

Faith : "Je ne te demande pas de jurer quoi que ce soit. Tu sais quoi ? J’aime cette bécane, alors je la conduis… et puis j’ai une sorte de permis pour tout te dire."

Elle sortit un papier qui avait tout l’air d’un vrai permis, avec la photo de Faith mais le nom «Faith Winter» dessus.

Buffy : "C’est… un faux ?"

Faith (haussant les épaules) : "Ce n’est pas très dur à se procurer… la prison a l’unique avantage de vous permettre de lier des connaissances qui peuvent toujours être utiles. Une «amie» de L.A a fait ça pour moi… une petite dette de vie qu’elle avait envers moi."

Buffy : "Dette… de vie ?"

Faith : "J’ai sauvé sa peau de deux ou trois grosses dures un jour…"

Buffy : "Oh… (essayant de rassembler ses pensées) Est-ce que tu as souvent dû défendre ta vie toi ?"

Faith : "Quelques fois, oui. Etre puissante sans s’imposer, ça suscite la méfiance. Et puis il y a eu une détenue qui m’a attaquée juste avant ma sortie avec un couteau à lame torsadée…"

Buffy : "…Bringers ?!"

Faith : "A leur service en tout cas. Il n’est pas difficile de deviner que le Conseil m’a fait sortir peu après parce qu’ils savaient pertinemment ce qui se passait ici."

Buffy : "Mais pourquoi tu n’as jamais parlé de ça ?!"

Faith : "C’est fait. J’en parle. Ca change quoi ?"

Buffy : "J’en sais rien, mais…"

Faith : "Laisse tomber, B. On a chacune nos petits secrets, pas vrai ?"

Buffy la regarda sans comprendre. Faith eut un sourire désabusé et tourna le dos à la blonde. Jed dévala l’escalier à toute allure, en retard comme souvent quand il lui fallait aller au lycée. Il tomba sur la Harley.

Jed : "Waou ! C’est… ?"

Faith : "Ouais. Je l’ai fait livrer."

Jed : "Cool !"

Faith : "Je croyais que tu la détestais ?"

Jed : "Merci de me rappeler d’où elle vient ! Vu comme ça, elle paraît géante ! Enfin, tant que c’est pas moi qui la conduis… t’auras un style d’enfer là dessus !!"

Faith : "Et t’as pas tout vu, frangin !"

Ils se sourirent.

Jed : "Heu… en attendant, ça vous motiverait pas de partir pour le lycée, pas que j’en ai envie mais si je me fais virer je peux crever pour rester ici…"

Faith : "Tiens, alors ça ne te dérange plus de vivre avec ta vieille sœur ?"

Jed : "Faut bien survivre !"

Buffy : "Bon, tu as raison on y va… je vais chercher Dawn."

Elle s’engouffra dans la maison.

Jed : "C’est moi ou y'a un os entre vous deux ?"

Faith (lui ébouriffant les cheveux) : "Ca te regarde ?!"

Jed (remettant ses cheveux en place en grognant) : "C’est bon, c’est bon…"

Faith éclata de rire. Elle aimait bien cette complicité avec son frère, elle avait enfin l’impression de l’avoir retrouvé. D’ailleurs maintenant qu’elle savait que Jess n’avait pas voulu se suicider, tout allait pour le mieux. La Potentielle sortait dans 1 ou 2 jours et avait l’air de bien s’en tirer. Avec le Scooby, Faith se montrait d’une humeur particulièrement enjouée et tous la trouvaient géniale. La seule chose qui mettait un point d’ombre sur ce parfait tableau était Buffy. Faith avait beau faire, elle n’avait pas digéré de la trouver enlacée à Spike… et que Buffy ne lui en touche pas un seul mot, comme si c’était parfaitement normal ! D’ailleurs, elle passait bien trop de temps avec ce vampire peroxydé. Et le pire était que Buffy lui avait fait retirer sa puce, ce que Giles avait plutôt mal digéré d’ailleurs. Comme si on pouvait faire confiance à Spike ! Mais Faith n’était pas plus perturbée que ça de se montrer aussi froide avec Buffy… il avait toujours été dans sa nature de se sentir forte au détriment des autres. Et voir Buffy la supplier du regard n’était pas sans lui déplaire, il fallait bien qu’elle paie un peu pour la douleur que Faith avait ressentie en la voyant ainsi serrée contre William le Sanguinaire. Et la brune détestait plus que tout que quelqu’un arrive à lui faire mal, ça la rabaissait au rang de simple humaine, or elle était la Tueuse, elle était forte. Que des souvenirs de son passé, c’est à dire de sa vie avec son frère ou de son passé de droguée, la fassent souffrir c’était une chose… c’était entre elle et elle-même, mais que Buffy parvienne à lui faire mal ça voulait dire qu’elle avait trop laissé tomber ses barrières, beaucoup trop à son goût en tout cas. Maintenant, elle devait reprendre les choses en main et leur relation devait prendre une autre tournure, et c’est elle qui mènerait la danse. Ce «truc de Tueuses» avait après tout assez duré, elle avait prétendu qu’il fallait qu’elles aient chacune quelqu’un dans leur vie, un homme… très bien, alors autant ne pas laisser Buffy s’amuser seule !

La Tueuse en question ressortit de la maison avec Dawn.

Buffy : "Allons-y !"

Elle grimpa dans la voiture suivie des deux adolescents.

Buffy : "Faith ?"

Faith : "J’ai gagné un beau joujou, alors je crois que je vais aller au lycée avec !"

Buffy se rembrunit. Elle soupira mais n’ajouta rien et démarra la voiture. Faith eut un petit sourire triomphant. Elle chevaucha sa nouvelle monture avec classe et dépassa la voiture de Buffy quelques centaines de mètres plus loin. Elle fit ainsi une entrée remarquée au lycée, attirant sur elle les regards de nombre d’adolescents. Elle descendit de sa moto comme quelqu’un rompu aux arts de la sensualité, et se dirigea vers l’entrée du lycée avec un air confiant et fier. On put apercevoir le visage du proviseur Wood qui l’observait derrière la fenêtre de son bureau.

Hôpital de Sunnydale.

Jess était assise sur une chaise, elle tapait frénétiquement son ongle contre le cadre de fer sur lequel elle était assise, signe d’un profond ennui et d’un certain énervement.

"La séance va se terminer dans 10 minutes." annonça une voix fatiguée.

Jess releva la tête, agacée. Elle fixa la personne qui lui faisait face derrière un bureau. Un homme d’environ 40 ans, les traits marqués par la vie éclairés de pétillants yeux bleus. Plutôt bel homme en fait, songea Jess, mais elle devait se concentrer sur le vide. Surtout le vide. Il était parfaitement hors de question qu’elle lui dise quoi que ce soit de ce qu’il attendait.

L’homme : "Ecoutez, c’est notre troisième séance et vous n’avez toujours pas décroché un mot !"

Jess : "Peut-être que vous n’avez pas la bonne technique…"

L’homme : "Je fais pourtant ce métier depuis pas mal d’années."

Jess : "Mais je ne ressemble à personne !"

L’homme : "Bien sûr que si, seulement j’avoue que votre résistance m’impressionne."

Jess : "C’est trop d’honneur !"

L’homme : "Vous ne marchez qu’au sarcasme ?"

Jess : "Et voilà vous recommencez !"

L’homme : "Quoi ?"

Jess : "Ca ! Ce petit ton de bon psy ! C’est insupportable !"

L’homme : "Ok, alors dites-moi, je dois faire quoi ?"

Jess (incrédule) : "Vous plaisantez ? C’est vous le doc !"

L’homme : "Ravi que vous le reconnaissiez !"

Jess se mordit la lèvre, furieuse de s’être laissée piéger.

Brusquement l’homme se leva et s’approcha d’elle. Elle leva des yeux méfiants sur lui.

L’homme : "Venez."

Jess : "Quoi ? Où ça ?"

L’homme : "Je suis le doc, non ? Faites-moi confiance deux minutes, Jessica."

Jess : "Appelez-moi encore une fois comme ça et je me barre !"

L’homme : "Intéressant, donc vous voulez dire que vous savez que vous êtes libre de quitter cette pièce à tout moment et que vous restez pourtant pendant toute l’heure de la séance… pour ne pas dire un mot ?!"

Jess : "Je dois être maso !"

L’homme (souriant) : "Qui sait ? Bon, vous venez ?"

Jess : "Ecoutez doc…"

L’homme : "S’il vous plait."

Jess (se résignant) : "Ok…"

Elle le suivit. Ils marchèrent le long des couloirs, dépassèrent l’accueil.

"Dr Vincent ! Votre rdv de 8h !"

Il se retourna vers la secrétaire.

Dr Vincent : "J’ai un rdv plus important maintenant avec cette jeune fille. Faite-les patienter une demi-heure."

Il entraîna Jess vers la sortie sans faire plus de cas de la jeune femme.

Jess : "Wou, je crois qu’elle va vous en vouloir !"

Dr Vincent : "J’avais rdv avec des grands pontes du métier…"

Jess (étonnée) : "Et c’est tout le cas que vous faites d’eux ? Vous n’êtes pas comme les autres, vous !"

Dr Vincent : "J’ai choisi ce métier d’abord et avant tout pour me vouer aux jeunes que je dois aider. C’est la seule chose qui m’importe."

Jess hocha la tête. Elle ne pouvait s’empêcher de bien l’aimer, au fond, ce médecin atypique. Il la conduisit dans le parc de l’hôpital et ils marchèrent un moment, sans parler, sous les arbres, entre ombre et lumière. Ce fut elle qui brisa le silence ambiant, et l’espèce de langueur qui les envahissait.

Jess : "Pourquoi avez-vous voulu venir en aide aux jeunes ?"

Dr Vincent : "Je pensais que c’était moi qui posais les questions…"

Jess (haussant les épaules) : "Comme vous voulez."

Dr Vincent : "Non. Je vais répondre. Quand j’étais plus jeune, ado, vers 16 ans je suis parti de chez moi à cause d’un différend stupide avec mon père qui ne me comprenait pas assez à mon goût. J’ai connu la rue pendant quelques mois. Rien de très tragique, mais j’y ai rencontré des jeunes, des enfants même, dans des situations désespérées, sans aide… j’ai pris la résolution de faire quelque chose pour eux. C’est tout."

Jess : "Et ensuite, vous êtes rentré chez vous ?"

Dr Vincent (avec un sourire désabusé) : "La police m’a finalement retrouvé, ma mère avait donné mon signalement. Entre temps mon père était mort dans un accident. C’est assez classique comme histoire, hein ?"

Jess : "Assez pour être tragique. Je suis désolée pour vous."

Dr Vincent : "Vraiment ? Ta vie a pourtant dû être beaucoup plus difficile que la mienne ?"

Jess : "Vous voulez qu’on fasse un concours ? On ne peut pas juger de la dureté d’une vie en fonction d’une autre. Une jeune fille multimillionnaire qui aurait perdu son amie la plus chère n’est pas moins à plaindre qu’un gosse en Afrique dont le frère ferait parti des enfants soldats. La peine est la même dans le cœur de chacun, qui pourrait prétendre en juger ?"

Le docteur la regarda, songeur.

Dr Vincent : "Je crois que tu as sans doute raison. Tu es bien sage pour une jeune fille si jeune !"

Jess : "La rue vous apprend à grandir… et puis j’avais des amis qui pratiquaient la philosophie comme mode de vie. Les voir disserter sur le monde alors qu’ils meurent de faim ou qu’ils sont blessés à mort est une expérience ineffable… ça vous marque à jamais, et ça vous fait comprendre pas mal de choses."

Dr Vincent : "Je n’en doute pas. Quelle est ton histoire, Jess ?"

Jess : "Ca vous intéresse vraiment, pas vrai ? C’est étrange, vous êtes vraiment unique…"

Dr Vincent : "Tu m’en vois ravi ! Et oui, je veux réellement savoir."

Jess : "Ok."

Ils s’assirent sur un des bancs en bois qui parsemaient le parc. Elle laissa son regard errer sur le jardin, sur les personnes qui marchaient au loin… accompagnées de leur famille ou non, ayant perdu la raison ou non.

Jess : "J’ai été trouvée par des bonnes sœurs, devant la porte de leur couvent, quand je devais avoir 3 ou 4 ans. Je ne sais pas exactement quel âge, seulement que j’étais aussi frêle qu’un oisillon… c’est ce qu’elles m’ont dit en tous les cas. Sœur Catherine m’a trouvée. Elle s’est occupée de moi un temps, puis elle a dû être mutée au loin. La Mère Supérieure a pris le relais, sans elle je ne sais pas ce que je serais devenue… le couvent était en fait une institution où les grands bourgeois plaçaient leurs filles à des prix exorbitants. J’étais une pauvre gosse recueillie, que sœur Catherine avait appelé Jessica en souvenir d’une enfant qu’elle avait perdue avant de devenir Sœur. Je n’étais rien, je n’avais pas de quoi payer et certaines auraient voulu me jeter dehors. Mais la Mère m’aimait d’une façon tout à fait pure et chrétienne. Je ne lui faisais pas peur, mais si certaines disaient qu’avec ma peau brune, mes cheveux d’ébène et mes yeux bleus qui contrastaient tellement je ne pouvais être qu’une incarnation de Satan. (elle sourit) Elles n’ont jamais abandonné tout à fait cette idée je crois. J’étais toujours silencieuse, effacée… ailleurs, rêvant de m’envoler. Mais pourtant à chaque fois qu’elles m’interrogeaient je répondais avec assurance… je les désarmais. Les cours là-bas étaient élevés, j’étais très jeune par rapport à certaines filles, j’ai beaucoup appris sur l’histoire, les arts, la religion ou même… les mathématiques ! J’étais très différente d’aujourd’hui, contrairement à ce qu’elles pensaient toutes j’étais très dévote. Je croyais aveuglément en Dieu et faisais sans cesse des prières à Sa Gloire et en celle de Marie. Je ne connaissais rien d’autre, je n’étais jamais sortie des murs du couvent… je rêvais de devenir un ange un jour, alors je me comportais le mieux possible afin d’être reconnue dans l’Autre Monde. (Elle ramena ses jambes contre elle) Etrange de voir quelle incorrigible athée je suis devenue, non ? Parfois je regrette presque ma douce naïveté. Peu importe. Un jour, je me promenais dans le parc et j’ai rencontré un garçon un peu plus vieux que moi, je devais avoir 9 ans. Je n’en avais jamais vu. J’ai cru qu’il était un ange, il ne m’a pas démenti. En quelques jours, nous étions devenus les meilleurs amis et il avait amorcé ma perte. Toutes les idées d’anarchie qu’il insufflait dans ma tête faisaient terriblement leur chemin en moi… j’ai voulu ne pas le suivre, j’ai voulu m’en remettre au Seigneur. J’ai cessé de le voir. Une semaine plus tard, la Mère Supérieure est morte. (La voix de Jess trembla) Elle était mon seul soutien là-bas, la seule personne à m’aimer. Je suis restée muette de douleur, prostrée pendant des jours sans que personne ne s’en inquiète. Alors un jour je suis retournée sous l’arbre où j’avais rencontré Chris, l’ange, et il m’a emmenée avec lui. Si j’avais su, qui peut savoir ce que j’aurais fait… ? Peut-être qu’au fond je ne regrette rien… Je ne sais pas. Il m’a emmenée dans son squat et j’ai vécu quelques années de galères complètes et terribles. Il y avait tant de gamins là-bas et… tout était si dur. Chris m’appelait Jessie, un nom que j’abhorre aujourd’hui et me disait toujours que tout irait bien. Il voulait m’entraîner dans sa chute… l’ange déchu. Je suis partie vers mes 13 ans. J’ai erré quelques mois et puis j’ai découvert Mike et les autres. Ca n’avait rien à voir. Je suis devenue leur princesse. On a vécu des choses formidables tous ensemble. J’ai appris la puissance et développé ma haine de façon à faire devenir mon gang un gang Supérieur ou mythique… il y a toute une hiérarchie à N.Y, et des guerres à n’en plus finir. Mais on s’en foutait, on était fort et on surmontait bien souvent toutes les épreuves. Je vais vous passer les détails, on en aurait pour des heures ! J’ai rencontré Sam il y a quelques mois, il suffit de dire ça. J’ai ruiné tout ce que j’avais battit, j’ai détruit tous ceux qui croyaient en moi. Tout ça rien que pour l’amour de lui. (Ses yeux s’emplirent de larmes) Et je n’arrive même pas à le regretter. Il n’est pas là, avec moi, et c’est la seule brûlure qui me consume à chaque seconde. Quand je pense à lui, j’ai si mal à l’intérieur… comme si j’étais reliée à lui par un fil incandescent. Que devient-il sans moi ? J’ai peur pour nous. Et je sens qu’à chaque pas, même intérieur, vers lui je perds un peu plus mon âme. Je deviens un monstre. Je deviens froide et insensible à tout…

Jess serra un peu plus fort ses genoux contre elle, tentant de réprimer les tremblements qui agitaient tout son corps. Le Dr Vincent posa une main sur son épaule, la faisant tressaillir mais la ramenant également sur Terre, lui apportant un soutien qui lui faisait si souvent défaut.

Dr Vincent : "Calme-toi. Tu n’es plus là-bas n’est-ce pas ? Rien de tout cela ne peut t’atteindre ici."

Jess : "Je sais. Et tout ira bien, c’est ça ?"

Dr Vincent : "Tout n’ira pas bien, non. Mais les choses peuvent s’améliorer un peu. Il y a des gens qui veulent t’aider, non ?"

Jess : "Vous ?"

Dr Vincent : "Oui, et pas seulement. La jeune femme qui t’a emmenée ici également. Elle n’est pas ta sœur, n’est-ce pas ? J’ai étudié son dossier, elle n’a qu’un frère."

Jess : "C’est vrai, il me fallait bien un nom de famille…"

Dr Vincent : "Mais elle a été en prison, mentir ainsi était un gros risque, le genre de risque que prend une personne qui tient à vous."

Jess : "Peut-être."

Dr Vincent : "Et maintenant, je pourrais te poser une question ? Qu’est-ce que tu fais à Sunnydale ? C’est très loin de N.Y et ce n’est pas vraiment le genre de ville dans laquelle on vient en vacances…"

Jess ouvrit de grands yeux et sentit l’appréhension la gagner. Devait-elle être franche jusqu’au bout au risque de passer pour une folle ? Ou bien mentir au seul adulte qui avait l’air de vraiment s’intéresser à son cas depuis… toujours ?

Bibliothèque du lycée de Sunnydale.

Faith était appuyée contre les rayonnages du deuxième étage de la bibliothèque où elle travaillait, tournant les pages d’un livre avec un certain intérêt. Une main se posa sur son épaule et elle sursauta violemment, plongée comme elle l’était dans sa lecture. Elle se retourna vivement, prête à se défendre d’un éventuel agresseur. Mais elle se retrouva devant le proviseur Wood qui la regarda en souriant.

Wood : "Hé ! On peut dire que vous ne manquez pas de réflexes ! La prochaine fois j’annoncerai mon arrivée à l’avance, je ne voudrais pas me retrouver à terre, ça entacherait ma réputation d’homme de fer !"

Faith le fixa, levant un sourcil interrogateur, puis décida finalement que la situation était assez comique pour en rire.

Faith : "Excusez-moi, je ne m’attendais juste pas à… à ce que quelqu’un vienne me trouver ici."

Wood : "Ce n’est pas censé être votre job ? Répondre aux demandes éventuelles des étudiants ?"

Faith marqua un temps d’arrêt.

Faith : "Si, si, bien sûr ! Ne croyez pas que je ne fais pas bien mon boulot… c’est qu’à cette heure-ci les élèves sont presque tous en cours et…"

Wood : "C’est bon, je ne suis pas venu pour vous surveiller !"

Faith : "Ah non ?"

Wood : "Non. (Lisant le titre de son ouvrage) Forces des Ténèbres… j’ignorais que nous avions ce genre de livres…"

Faith (le replaçant vivement sur son étagère) : "C’est de la science fiction, ça plait aux jeunes !"

Wood : "Et à vous."

Faith : "Et à moi…"

Wood : "Je ne vous voyais pas lisant ce genre de choses…"

Faith : "Moi non plus… enfin je veux dire, je m’ennuyais et je viens seulement de découvrir ce bouquin et…"

Wood : "Je comprends. Vous ne voulez pas… ?"

Il désigna le bas de la bibliothèque. Faith hocha la tête et ils redescendirent.

Wood : "Alors, vous vous plaisez ici ?"

Faith : "Ici, dans le lycée ou ici à Sunnydale ?"

Wood : "Hé bien, les deux."

Faith : "Sunnydale est toujours Sunnydale… à quelque chose près. Et ce job est…"

Wood (comme en confidence): "Vous pouvez être franche."

Faith (le prenant au mot) : "Profondément ennuyeux. Mais puisqu’il faut de l’argent…"

Wood (riant) : "C’est Buffy qui vous a demandé de travailler ici, n’est-ce pas ?"

Faith : "Buffy ? Oh, en quelque sorte oui. Vous travaillez tous les deux, hein ?"

Wood : "Nous partageons les même locaux. Une jeune femme très agréable."

Faith : "Ouais, on peut dire ça. Mais vous ne la connaissez pas vraiment."

Wood (levant un sourcil) : "Devrais-je comprendre que vous êtes en différend ?"

Faith : "B et moi, c’est une longue histoire, je vous raconterai ça un jour un jour où vous aurez le temps…"

Wood : "Mais j’ai tout mon temps."

Faith : "Alors disons, quand nous serons plus intimes !"

Wood : "Vous dites ça dans l’espoir que ça n’arrive jamais ?"

Faith (enjôleuse) : "Pourquoi vous dites ça ? Tout peut arriver… je ne suis jamais contre une nouvelle expérience…"

Wood : "Je vois ça. Mais, vous n’êtes pas… comment dire… avec Buffy ?"

Faith (déchantant) : "Ouais, bien sûr… Buffy, encore."

Wood : "C’est seulement… le baiser que vous avez échangé dans l’enceinte de mon lycée n’est pas vraiment passé inaperçu… Je ne voudrais pas tirer de conclusions hâtives mais…"

Faith : "Ah, le baiser, c’est vrai… Ecoutez, Buffy et moi c’est un truc de T… de filles, c’est ça, de filles, mais on est pas vraiment ensemble…"

Wood : "Oh… Donc vous n’êtes pas…"

Faith : "Gay ? Pas au sens strict… (riant devant l’air perdu du proviseur) Je vous l’ai dit, j’aime toutes les expériences… alternatives."

Wood : "Je ne pensais pas que Melle Summers soit comme cela."

Faith : "Je suis sa jumelle maléfique, la seule capable de la corrompre… (rire) Ok, laissez tomber, disons juste que c’est… fini entre moi et B, je suis tout ce qu’il y a de plus libre !"

Wood sembla réfléchir, Faith l’intriguait beaucoup, même si elles étaient étranges il aimait bien ses manières, sa franchise, l’apparence de dure et de séductrice qu’elle se donnait… Et il avait bien envie de creuser un peu pour voir qui se cachait vraiment là dessous. Et si en plus ça servait ses intérêts…

Wood : "Qu’est-ce que vous diriez de dîner avec moi ce soir ?"

Faith marqua un temps d’arrêt.

Faith : "Vous me proposez un rencart ?"

Wood : "Ce n’est qu’un dîner."

Faith : "Pourquoi pas ?"

Wood : "Ca veut dire oui ?"

Faith : "Oui."

Wood : "Très bien. A ce soir alors."

Il commença à s’éloigner, puis se retourna vers elle.

Wood : "Une question… vous considérez toujours tout le monde comme une proie éventuelle ?"

Faith (souriant) : "Désolée… c’est assez nouveau pour moi d’avoir un boss, et mes vieilles habitudes de séduction remontent toujours à la surface !"

Wood : "Je ne vais pas m’en plaindre, n’est-ce pas ? Heu, vous n’avez jamais eu de patrons avant ?"

Faith : "J’ai un passé assez chargé…"

Wood (interrogatif): "Vraiment ?"

Faith : "Disons que la dernière personne à m’avoir donné un ordre était un maton, à L.A."

Le proviseur la regarda étrangement, pensif. Alors qu’elle s’apprêtait à lui refaire un coup de bluff, jouant l’indifférence et la dureté, son élan se brisa et se dissolut devant le regard de Robin Wood. Et pendant quelques secondes, ils échangèrent quelque chose d’absolument sincère et inédit. Il lut en elle ce mélange inextricable de force et de faiblesse, de détermination et de doute, d’absolu et de failles. Elle vit en lui un combat acharné amorcé sans doute depuis des années, une colère qui ne connaissait aucune raison de s’apaiser, une droiture et un instinct de la justice inaltérable.

Ils entrevirent chacun ces sentiments chez l’autre, un instant, et tout s’effaça. Faith détourna les yeux, Wood lui conseilla de mettre une jolie robe. Il sortit. Ce fut tout. Elle refusa de penser qu’un homme pouvait être quelqu’un qui souffre ou qui aime, elle qui n’avait connu que violence à leurs côtés. Il éloigna de lui toutes émotions pour celle qui était une Tueuse, et qui ne devait être qu’un instrument de sa mission.

Hôpital de Sunnydale. Parc.

Jess fixa le doc, un vague sourire aux lèvres.

Jess : "Je vous avais bien dit que vous ne me croiriez pas !"

Il se frotta la joue du plat de sa main, s’abîmant dans de profondes réflexions.

Dr Vincent : "Je te crois."

Jess (surprise) : "Quoi ?!"

Dr Vincent : "Je te crois. Enfin, je pense que je te crois."

Jess : "Pourquoi ?"

Dr Vincent : "Parce que je veux te croire, tu t’es confiée à moi alors pourquoi tu mentirais maintenant ?"

Jess : "Et c’est tout ? Ca vous suffit ?"

Dr Vincent : "Sincèrement… non. La vérité est qu’à force de côtoyer des malades mentaux ici, qui clament tous avoir vu un vampire ou que leur petit ami s’est transformé en démon terrifiant… On finit par se poser des questions. Je suis venu à Sunnydale car le taux de morts était particulièrement élevé chez les jeunes et que je pensais naïvement qu’une petite ville favorisait l’émergence de gangs… Mais j’avoue que depuis quelques temps, j’ai commencé à me poser des questions sur cette ville."

Jess : "Je vous l’ai dit : bouche de l’enfer. Ca fait très série B et je suppose que ceux qui ont inventé ce nom aimaient bien la tragédie… mais au fond c’est plus ou moins ça. Ces derniers temps je crois que les frontières entre le Mal et le Bien, pour faire très cliché, s’amenuisent. Vous avez vu comme les gens sont violents ? C’est pour ça qu’on est là."

Dr Vincent : "« On », les Potentielles c’est ça ?"

Jess : "Oui."

Dr Vincent : "Ca fait beaucoup d’informations à digérer."

Jess : "Je sais, pareil pour moi. Je vivais dans le monde réel et me voilà débarquée en plein cauchemar. Mais on s’y fait."

Dr Vincent : "Ca doit être assez… perturbant, de découvrir qu’on est « choisie » et tout…"

Jess : "Pas assez pour se suicider, si c’est ce que vous sous-entendez. Le truc, c’est que j’ai l’impression d’avoir une force incroyable maintenant, vous savez, du genre à être supérieure au monde entier parce que moi je sais, je détiens la vérité sur le monde."

Dr Vincent : "C’est une attitude dangereuse, je pense, contraire à ce que vous m’avez dit de votre « mission »."

Jess : "Alors, on devrait juste aider les gens par pure bonté de cœur ? Merde, on est quand même le pouvoir ! On est plus que ça, on est l’espoir de survie de toute la planète ! Je viens des bas-fonds et me voilà propulsée au rang des déesses ! C’est grisant, reconnaissez-le !"

Dr Vincent : "J’imagine que ça l’est. Mais vous n’avez que le pouvoir de tuer les monstres, c’est tout. Pour servir le bon côté."

Jess : "Vous croyez ? Je crois qu’il m’arrive de me perdre dans tout ça…"

Ses yeux furent voilés un instant par ses cheveux.

Jess (se redressant) : "Peu importe. Vous avez un rdv, non ? On devrait rentrer."

Dr Vincent : "Tu as raison. Je pense que tu pourras sortir demain ou après-demain."

Jess : "Déjà ? Mais… on n’a même pas parlé de mon « suicide » ou de ce qui clochait chez moi !"

Dr Vincent : "Tu t’es confiée à moi, au-delà même de mes espérances, ça me suffit. Maintenant je sais que tu sauras retrouver le chemin de mon bureau si tu as besoin de moi. Je serais là. C’est tout."

Jess (souriant) : "Vous êtes vraiment cool, doc !"

Et ils rentrèrent ensemble dans l’hôpital. Les sentiments de Jess étaient trop diffus pour être analysés, mais peut-être avait-elle trouvé une planche de salut en fin de compte, peut-être, seulement peut-être.

Suite PARTIE 2