TITRE : Hocus Pocus and Gleam suite de Bouleversement.
AUTEUR : June87
FEEDBACK : june87@caramail.com
SPOILERS : Saison 7.
RATING : PG-13
DISCLAIMER : Faith, Buffy et tous les autres personnages appartiennent à Joss Whedon, WB, etc.
RESUME : Une jeune fille étrange nous laisse pénétrer dans sa vie... Alex est toujours sous influence du mal, mais jusqu'où ira-t-il ? Giles revient à Sunnydale au grand soulagement de tous, mais il n'est pas seul... Un épisode moins lourd que les précédents, mais dans la même lignée. Alors pénétrez à nouveau dans le monde de la Tueuse...

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PARTIE 1

"3-2-1". Bip. Bip. Bip ! La jeune adolescente sourit, elle se réveillait toujours avant que son réveil ne sonne, et n’avait jamais eu besoin d’ouvrir les yeux pour savoir l’heure. Elle éteignit l’appareil, et se leva avec entrain, les deux pieds à la fois pour que la journée soit bonne... Elle ouvrit les volets, et respira l’air du matin en souriant. Elle avait rêvé de lui durant cette nuit. Elle sentait encore son regard posé sur elle... Il avait l’air... bon, un peu perdu et apeuré, mais bien plus en phase quand même. Il lui était forcément arrivé quelque chose de bien, depuis le temps qu’elle n’avait pas vu son visage en songe...

La jeune fille secoua la tête et se dirigea vers son armoire. Elle jeta à peine un coup d’œil au miroir avant de l’ouvrir. Le reflet de cette adolescente trop mince, à la peau diaphane, aux cheveux blonds vénitiens, ou roux clairs, et dont le visage de porcelaine était illuminé de deux yeux verts émeraude ne l’intéressait pas plus que ça. Elle laissa son regard courir sur l’amoncellement de vêtements qui s’empilaient sur ses étagères et en sortit finalement quelques-uns. Quelques minutes après, elle attrapa la vieille besace militaire gris-vert qui lui servait de sac et en sortit de sa chambre vêtue, comme à son habitude, des plus originalement. Un jean large, un T-shirt blanc, une robe dans les tons orangé, jaune et vert par-dessus, un gilet noir, des vans et un grand manteau en velours bleu pour compléter le tout... Sans oublier ses cheveux remontés et tenus par une multitude de barrettes, pinces et mikados... ces derniers lui avaient été offerts par ses deux meilleurs amis, Mandy et Carl, des faux-jumeaux, avant qu’ils partent pour les Iles à cause du travail de leur père. La jeune fille repoussa leur souvenir pour ne pas passer la journée à déprimer, et commença à dévaler le grand escalier de marbre. Emportée dans son élan et la tête ailleurs, elle se laissa machinalement flotter au dessus des marches jusqu’en bas. Alors qu’elle se dirigeait vers la cuisine, une voix retentit dans le couloir, l’arrêtant net.

"Ily, viens ici tout de suite !"

L’adolescente leva les yeux au ciel et se dirigea en traînant les pieds vers la pièce d’où était sortie la voix masculine. Elle ouvrit une lourde porte en chêne et pénétra dans la pénombre. Elle regarda sans les voir les nombreuses étagères, remplies d’objet hétéroclites venant de tous les pays du monde, les planisphères vieilles comme l’univers, et les tonnes de livres de tous âges. Un homme lui tournait le dos, près d’un grand bureau, penché sur un globe terrestre. Elle attendit, appuyée contre le bureau, en soupirant. Il se retourna enfin. Il avait une cinquantaine d’années, barbu, d’un blond sombre, des petits yeux bleus dans un visage faussement doux, il dégageait une élégance et une certaine puissance malgré son âge. Il fixa la jeune fille sévèrement.

L’homme : "Iliana, combien de fois t’ai-je dit de ne pas te servir de tes pouvoirs !"

Iliana : "Oh, Frank, j’ai juste..."

Frank : "Si tu le fais ici, tu le feras dehors sans même t’en apercevoir !"

Iliana : "C’est bon, c’est bon, je le ferai plus..."

Il secoua la tête , un pli soucieux et contrarié barrait son front.

Iliana (rapidement) : "Je l’ai vu cette nuit."

Elle avait dit ça sans regarder l’homme, son Initiateur, craignant sa réaction.

Frank (ses yeux marquant son intérêt) : "Vraiment ? Il y avait plusieurs mois..."

Iliana : "Qu’est-ce que vous lui avez fait ? Il était différent..."

Frank : "Elle l’a retrouvé... Il va pouvoir commencer sa destinée..."

Iliana (dure) : "Si vous ne les aviez pas séparés dès le début, il n’aurait pas tant souffert ! Et puis il a besoin de moi..."

Frank : "Ce n’est pas encore le moment... Et puis les circonstances sont ce qu’elles sont, on ne peut pas agir sur tout... Il a passé des épreuves, il en avait besoin pour..."

Iliana : "C’est ridicule ! Vous le savez, c’est trop tard maintenant, il ne laissera jamais sa part d’humanité, même après sa Révélation !"

Frank : "Toi-même tu n’ignores cette part que quand cela t’arrange..."

Iliana : "Mais je sais ce que je suis, lui ne l’acceptera jamais vraiment pour lui-même... Tout ça n’aura servi qu’à le rendre malheureux... Je peux le sentir..."

Comme pour appuyer ses dires, la jeune fille mit à nu son épaule, dans laquelle était gravée la marque d’un trident, qui d’ailleurs commençait à rougeoyer dangereusement.

Frank (sérieux) : "Il est entré en contact avec toi ?"

Iliana : "Non, mais il s’est servi de ses pouvoirs..."

Frank : "Pourquoi tu ne me l’as pas dit ?"

Il la regarda avec colère, elle releva la tête avec défi.

Iliana : "Vous ne le saviez pas ? Je croyais que vous étiez toujours au courant de tout ! Vous non plus vous ne me dites jamais rien... Et puis, je comptais vous le dire... mais je devais d’abord l’évoquer avec quelqu’un d’autre..."

Frank (poussant un soupir) : "Cette vieille sorcière, hein ? Je t’ai interdit de la voir !"

Iliana : "La mena est une femme bonne, elle sait les herbes et voit l’avenir... elle sait ce que je suis..."

Frank : "Non, elle ne sait pas ! Elle te monte la tête, ce n’est pas un men’sha, c’est un charlatan !"

Iliana bouillonnait de rage et elle sentait la cicatrice de son épaule la brûler.

Iliana : "Je la verrai ! Je la verrai si je veux, vous ne m’en empêcherez pas !"

L’homme frappa du poing sur la table, hors de lui de ne pas être obéi. Iliana voulut poursuivre, mais elle sentit son souffle lui manquer et commença à suffoquer.

Frank (calme) : "Tu dois prendre sur toi. Tu dois garder le contrôle."

Iliana (tombant à genoux) : "Je... je sais... vous... pourquoi vous... je vous... déteste ! Je... je n’y arrive pas... aidez-moi..."

Une douleur atroce irradiait tout son corps, elle avait l’impression d’être écartelée et n’arrivait plus à se concentrer pour reprendre possession de son être. Finalement, au bout d’un moment qui parut une éternité à Iliana, l’homme se saisit d’une seringue et la vida dans le bras de la jeune fille. Petit à petit, la douleur recula et l’adolescente reprit son souffle. Elle se releva, chancelant encore un peu.

Iliana (sans le regarder) : "Merci."

Frank : "Tu aurais dû reprendre le contrôle."

Iliana : "J’ai essayé... je..."

Frank : "Tu n’avais pas fait de crises depuis très longtemps... c’est à cause de lui ?"

Iliana : "Il... son pouvoir se réveille, ça m’affecte, c’est... c’est plus difficile pour moi parce que je le perçois, et que ça fait comme des interférences..."

Frank : "Tu devras t’entraîner plus dur, et évite de t’emporter comme cela, tu vois ce que ça produit..."

Iliana : "Je le sais, arrêtez, je connais ça par cœur depuis ma naissance ! Mon pouvoir est trop grand pour ce corps et s’il se réveille trop vite ça pourrait le tuer, me tuer, en quelque sorte..."

Frank : "Alors fais ce qu’il faut."

Iliana leva les yeux au ciel, et reprit son sac.

Iliana : "Je vais être en retard au lycée, j’y vais."

Frank : "Ce soir rentre directement, Lionel sera à la sortie du lycée, ne t’avise pas d’aller chez cette vieille folle."

La jeune fille se mordit la langue pour ne pas répondre et tourna les talons. Elle se dirigea vers la porte d’entrée.

Frank (criant) : "Tu devrais manger le matin, combien de fois faudra-t-il que..."

Iliana : "Je n’ai pas le temps... et puis quelle importance, je suis immortelle !"

Frank : "Ton corps lui ne l’est pas !"

Elle ouvrit la porte et sortit rapidement pour couper court à la conversation. Elle s’adossa à la porte et reprit calmement ses esprits. Elle fit sortir distraitement un briquet en argent de sa poche, et après avoir embrasé l’extrémité d’une cigarette, la porta à ses lèvres. Le tabac l’apaisa quelque peu, et elle se dirigea à pas lents vers le lourd portail de fer forgé. Elle lança un coup d’œil à la vieille bâtisse, dont le lierre et les pierres grises ne laissaient en rien présager la richesse de l’intérieur. Question de prudence, d’après Franck. Iliana atteignit la voiture, une Mercedes qui, elle, ne faisait pas vraiment profil bas. Lionel, le chauffeur, lui ouvrit la porte et elle s’engouffra à l’arrière.

Lionel : "Tout va bien, Melle Wickenfield ?"

Quand elle ne le saluait pas, il comprenait généralement qu’une dispute avait eu lieu.

Iliana : "Eh bien... mon père est impossible ! C’est encore à propos de la mena et... et de tous les mauvais choix qu’il a pu faire dans sa vie !"

Lionel : "Ne soyez pas si dure avec lui, il veut seulement vous protéger..."

La jeune adolescente ne répondit rien et le chauffeur n’insista pas. Il ne savait rien de ce qu’Iliana était, ou en tous cas ce qu’il avait pu entendre à son sujet n’avait jamais entraîné questions ou curiosité de sa part. Avec ses cheveux poivre et sel et son profil sûr et volontaire, il suscitait la plus grande confiance. Iliana l’aimait beaucoup, depuis le temps qu’elle le connaissait elle le considérait un peu comme un second père... après Franck, qui n’était d’ailleurs pas non plus son père... Elle pensait rarement à ses vrais parents, ils avaient eu un accident d’avion quand elle avait trois ans... mais de toute façon ils n’étaient que les géniteurs de l’humaine en elle... ou plutôt c’était ce dont elle préférait se convaincre pour ne pas souffrir... Pas d’attache. Pas de regret.

Iliana se carra dans le fauteuil, respirant la bonne odeur de cuir. Elle détestait profondément devoir se faire conduire en voiture particulière, elle avait tout essayé, Franck se montrait inflexible, elle était sous haute surveillance 24h/24, ou presque... Au moins avait-elle obtenu d’être déposée à bonne distance de l’entrée du lycée...

La voiture ralentit, Iliana descendit et se dirigea vers le haut bâtiment blanc qui constituait son lycée, et son seul pôle de liberté en dehors de la maison de Franck... Elle marcha au milieu des nombreux étudiants, observant leurs comportements, leurs rires, leurs colères comme si elle venait de très loin et qu’elle découvrait le monde pour la première fois... Toute cette agitation, ces cris, toutes ces vies qui se jouaient, ces liens qui se faisaient et se défaisaient dans une ronde folle... Cette innocence, juste des humains dans un monde de certitudes, persuadés de savoir, persuadés que leurs existences étaient si importantes, et que leurs vies dépendaient d’eux-mêmes... pauvres enfants innocents... oui, mais libres.

Iliana s’adossa près de la porte d’entrée et sortit une cigarette distraitement. Elle resta là, fumant et regardant comme dans un film les gens vivre, un moment.

"Melle Wickenfield !"

Elle releva la tête, et se trouva nez à nez avec le principal.

Iliana : "Gagné ! On voit que je suis populaire !"

Le principal : "Combien de fois devrais-je vous dire que fumer est interdit ?!"

Iliana : "Oups... [Tirant une bouffée] Vous allez faire quoi ? Me virer ? Mon père vous en empêchera, même me coller vous est impossible..." [Lui sourit d’un air faussement candide].

Le principal : "Vous ne respectez donc rien ?"

Iliana : "Eh bien, je respecte un tas de choses qui vous sont inconnues... mais je vous promets de faire pleins d’efforts à l’avenir..."

Elle sourit avec défi, balança son mégot et pénétra dans le lycée en soufflant sa fumée vers le principal, qui secoua la tête devant cet élément rebelle.

Si vous saviez Monsieur comme j’aime tester mes limites, comme j’aime vous provoquer, et comme je rêverais que vous vous opposiez à mon père et que vous me colliez... juste histoire d’avoir une vie normale au moins pour un instant...

Salon des Summers.

Le Scooby est dans le salon. Alex balaie les morceaux de verre de la fenêtre cassée par les Bringers.

Alex (exaspéré) : "C’est une boucle... comme le tonneau des Danaïdes, je suis condamné à remplacer cette fenêtre pour toute l’éternité !"

Anya (lève les yeux d’un livre) : "Rien, rien et... rien ! Des montagnes de notes et rien !"

Willow (devant son ordi) : "Pour moi non plus, on a cherché toute la nuit, c’est décourageant... Buffy, tu es sûre que ce truc s’appelle le Premier Mal ?"

Buffy (soupirant) : "Moui, Premier Mal, Mal originel, comme tu veux... il a prétendu être celui qui est venu avant toute chose."

Anya : "Ils disent tous ça, et ensuite 'ça t’excite, chérie ?' [Voyant qu’ils la fixent tous] ou bien 'ça te terrifie ?', peu importe."

Buffy : "Non, c’était... vrai, je crois, je l’ai senti, ancien et énorme... Angel a failli se tuer à cause de lui, et Dieu sait ce que cette chose va faire à Spike maintenant..."

Alex (regarde vers Andrew qui a perdu connaissance, attaché sur une chaise) : "J’espère que le moche au bois dormant va revenir à lui bientôt, il a été comme ça toute la nuit..."

Anya : "Oui, il allait juste commencer à parler quand le grand méchant loup a attaqué... il a dit un truc à propos du sceau de Danza... quelque chose..."

Dawn (relevant brusquement la tête) : "Peut-être que je pourrais le frapper ?"

Buffy : "Dawn !"

Dawn : "Quoi ? Je ne peux jamais faire les trucs cool !"

Buffy : "Continue à lire, ok ? Si on veut sauver Spike, on doit découvrir comment combattre ce mal."

Dawn : "C’est injuste, Jed et Faith ne font rien du tout eux !"

Willow : "Jed avait juste besoin de repos après la soirée qu’il a passé, tu ne crois pas ?"

Alex : "Et Faith fuit juste les difficultés..."

Willow : "Elle... elle devait interroger des démons je crois... et dormir au motel..."

Buffy (soupirant) : "Humm, il faut juste... faire des recherches... repassez-moi le code des Observateurs..."

Quelqu’un lui passe un livre.

"Tu as besoin de quelque chose d’autre, bébé ?"

Buffy reconnut la voix et se tourna vers Joyce, penchée sur elle.

Joyce : "Un peu de thé, ça te dit ?"

Buffy (bouleversée) : "Maman ? [Ferme les yeux] Tu n’es pas vraie."

Joyce : "Heu, c’est une expression ? Comme... tu es incroyable, ou..."

Buffy : "Tu es le Premier."

Joyce : "Oh, chérie, tu es tellement fatiguée, ça n’a pas de sens... tu devrais dormir un peu."

Buffy : "Non."

Joyce : "Tu ne peux pas gagner contre cette chose, pas si tu ne te reposes pas."

Buffy : "Arrête ! Arrête d’être comme ça ! C’est un mensonge !"

Joyce : "Je ne veux pas te faire peur, juste que tu fasses attention [lentement] Tu dois te réveiller."

Buffy : "Quoi ?"

Alex : "Tu es en train de rêver, Buffy, réveille-toi."

Buffy (se redresse de la table sur laquelle elle s’était endormie) : "Hum ? Vous l’avez vu ?" [Regarde autour]

Alex : "Il n’y a rien à voir, tu faisais juste un petit rêve parlant."

Buffy : "Oh."

Willow : "Tu vas bien ? Tu as vu quoi ?"

Buffy : "Rien... rien d’important."

A ce moment, la porte d’entrée s’ouvrit et Faith entra dans le salon.

Faith (s’étirant) : "Hey ! Salut tous le monde ! [Les fixant tour à tour] Wow, vous avez de ces têtes !"

Dawn : "Merci !"

Buffy (souriant) : "Pas beaucoup dormi..."

Faith s’approcha d’elle et l’embrassa doucement. Alex échappa le livre qu’il avait en main, mais personne n’y prêta la moindre attention.

Buffy : "Et toi ? Ta nuit ?"

Faith : "Hé bien, j’ai profité de ma patrouille pour me renseigner auprès des vampires... je pense qu’on peut vraiment conclure que ce qui approche est mauvais vu la trouille que ces cadavres ont ! Même sous le chantage ils ont préféré se faire exploser que me répondre..." [Hausse les épaules]

Buffy : "Génial..."

Faith : "Ouais... enfin, j’en ai eu marre et j’ai été au Bronze me distraire un peu..."

Anya (ouvre de grands yeux) : "Te distraire ?! Tu connais les fonctions de la Tueuse, t’es sûre ? On a passé la nuit à lire... à LIRE... pendant que tu t’éclatais !"

Faith (lui lançant un regard noir) : "Ben la prochaine fois, t’iras patrouiller toute seule, ok ? Et je ne comprends pas la moitié des trucs qui y a marqué là dedans, de toute façon l’ex démon !"

Anya : "T’avais qu’à faire des études !"

Faith (se redressant) : "Elle plaisante, là ? [S’avançant vers Anya] Je vais la tuer !"

Alex (froid, se plaçant devant Faith) : "Tu ne la touches pas, ok ?"

Faith (soupirant) : "Je n’allais pas le faire, Alexander !"

Dawn (tentant de détendre l’atmosphère) : "Bien, qui veut se défouler sur Andrew ?" [Grand sourire]

Faith revint près de Buffy.

Buffy : "Tu as dormi au motel ?"

La brune hocha la tête.

Buffy : "Pourquoi ? Tout le monde sait pour nous deux... je t’ai même offert un tiroir de ma commode, non ?"

Faith : "J’ai juste besoin d’un coin pour me retrouver... loin de toute cette agitation... ça me rappelle la prison parfois... Mais je vais amener mes affaires ici, promis."

Buffy : "Bien."

Faith : "Mais je continue à payer la chambre, tu comprends parfois j’ai besoin de..."

Buffy : "Je comprends."

Faith (souriant) : Ok."

Des pas traînant se firent entendre, descendant l’escalier, et Jed apparut dans l’encadrement de la porte du salon.

Buffy (d’une voix guillerette) : "Salut Jed ! Bien dormi ?"

Le jeune homme avisa Faith et se renfrogna.

Jed (sarcastique) : "Super !"

Dawn : "Tu veux prendre ton petit déjeuner ? On a pleins de trucs, je peux même te faire des pancakes ou bien..."

Jed : "J’préfère les céréales."

Dawn : "Oh... y'en a, je vais te..."

Jed : "Je m’débrouille."

Sans laisser à Dawn la possibilité de répondre, il fit volte-face et se dirigea vers la cuisine. Dawn préféra afficher un air outré que d’avouer sa déception.

Dawn : "C’est quoi son problème à ce type ?"

Willow (relevant la tête de son écran) : "Une rencontre assez soudaine avec des démons, d’après mes souvenirs !"

Dawn : "Oh... et alors ? Je me bats contre un tas de trucs globuleux et morts !"

Faith : "Je dois te rappeler ta tête la première fois que tu as vu un vampire ?"

Dawn : "Ok, ok, j’ai rien dit..."

Buffy : "J’aurais aimé être là ! Enfin, non, peut-être pas parce que tu étais bien trop jeune et que c’était totalement inconscient de... Oui, bon, vous m’avez compris quoi..."

Faith (ironique) : "Pas de problème B, tu es toujours si claire ! [Soupirant] Bon, je suppose qu'il faut que j’y aille..."

Buffy : "Parler à Jed ? Pas sûre que se soit la meilleure chose à faire... j’ai comme l’impression que ta présence le... braque."

Faith : "Alors je suis censée faire quoi ? Il risque de me croiser souvent dans le coin..."

Buffy : "Laisse-lui le temps... laisse juste les choses se faire..."

Faith : "Si tu le dis..."

Willow : "Je vais aller le voir."

Faith : "Toi ?"

Willow : "Pourquoi pas ? J’ai de la psychologie avec les ados, c’est vrai, plein !"

Faith : "Ben je t’en prie, si tu veux te faire bouffer par notre ours des cavernes..."

Willow sourit et se dirigea vers la cuisine, bien décidée de parler à Jed de ce qu’elle avait vu la veille quand il s’était fait attaquer par ce Bringers.

Je respire. J’inspire l’air. Mais il ne gonfle pas mes poumons. Mes poumons sont morts. Mon cœur ne bat plus... Mon sang ne circule pas. Tous mes organes sont morts. Elle est là, face à moi, elle sourit. Drusilla. Exactement comme dans mon souvenir, aussi belle, dangereuse, bestiale, mystérieuse et... folle. Elle sourit. Ses ongles acérés s’agitent dans le vide. Elle parle de petits papiers roses que l’on déchire comme les corps d’enfants, tandis que l’être sombre s’approche de moi. Elle susurre des mots d’amour, et a ce petit rire hystérique quand la lame plonge dans ma chair. Le sang coule. Ce sang qui ne m’appartient pas.

La douleur. Je la ressens, et pourtant je suis mort. Pourquoi ? Comment ce paradoxe continue de me poursuivre ? Est-ce une punition pour les crimes que j’ai perpétué ? Les souffrances des femmes, des enfants, des innocents ancrées sous cette peau de cendre...

Ma vue se brouille. Je ne suis plus sûr de connaître le monde réel, la vérité... Où suis-je ? Qu’elle est cette comédie sordide dont je suis l’acte principal ? Son jouet. Et elle, la mystique, l’immortelle, est-elle seulement là, face à moi, ou n’est-ce qu’un pâle reflet de mon imagination enfiévrée ? Un autre coup de la lame d’argent, une autre pointe glacée qui pénètre en moi. Mon sang coule, goutte à goutte sur cette plaque aux signes étranges. La corde liant mes poignets au bois me blesse. Et je ne mourrai pas. Rien n’abrégera mes souffrances. Rien. Jamais. Je suis déjà mort. Mort. Vivant. Je ne suis qu’une utopie. Un conte pour enfant. Un anathème. Je suis celui que l’on craint. Celui qui obsède. Une légende. Une pauvre légende devenue le jouet de son âme, devenue le jouet d’un amour. Un amour contre nature pour celle qui devrait m’ôter la vie. La Tueuse. Pourquoi ne l’a-t-elle pas fait avant ? Que craint-elle ? De se perdre ou de me perdre ? Je suis sa catharsis. Elle ne m’aimera jamais. Pas du vrai amour. Pas moi. Pas l’homme que j’ai été. Rien. Elle ne me connaît même pas. Elle croit... mais elle ignore. Elle ignore le goût du sang. Le bienfait des cris et des pleurs pour l’être sanguinaire.

Elle ne veut pas voir ça... Les philosophes disent que vivre sa propre mort est impossible. Je l’ai vécue. Je la vis. Où suis-je ? Dans un monde sans nom. Hors du monde. Ou alors je suis le monde. Tel qu’il est. La pire chose qu’il ait engendrée ne vient-elle pas de sa propre constitution ?

Je ferme les yeux. Le noir. Je flotte dans un océan de douleur. Intérieure. Extérieure. Je pense à elle. Buffy. Son image est gravée derrière mes paupières, me poursuit où que j’aille. Créature de la nuit, belle comme le jour. Elle renie son essence. Elle fuit ses instincts primaires. Elle court dans les couloirs du temps en espérant échapper à son destin.

Tout homme meurt. Peut-on douter de cela ? C’est la vérité. Je suis éternel, mais je ne suis plus un homme. Une bête. Et même bien pire que cela. Un non sens en acte.

J’ouvre les yeux à nouveau. Toujours cette pièce. Ces flambeaux. Ces silhouettes noires qui s’affairent. Seule la maîtresse de mes tortures a changé. Drusilla a disparu, elle s’est envolée comme sa raison jadis. A sa place se tient la prêtresse de mes jours, et de mes nuits. Celle qui comme moi a vu la mort et voit pourtant encore la vie aujourd’hui. Mais elle a un cœur et une âme plus pure que la mienne.

Et ses yeux me blessent, exactement comme Drusilla il y a quelques minutes... elle est pourtant son antithèse... ou pas. Je ne sais plus rien de ce monde, tout m’échappe, tout s’affole... gouverné par un mal supérieur... ou par le mal à l’intérieur Buffy déambule dans la pièce, son visage apparaît ou disparaît au gré de la lumière dansante des flammes... pourquoi faut-il toujours des flambeaux quand nous nous retrouvons ? Coïncidence étrange... ou bien je deviens fou, ce dont je doute de moins en moins... Je peux à peine penser tant des paroles sans nom bourdonnent dans mon crâne.

Je fixe ses yeux verts, il y a une légère cruauté qui me rappelle Drusilla. Je les pensais différentes... je pensais ma Tueuse plus près de la lumière. J’ai dû beaucoup m’égarer en chemin quand on voit de qui elle a besoin aujourd’hui...

Et l’image de cette brune sensuelle, à l’âme noire, vaguement anarchiste, violente et passionnée, au cœur en miette et à la langue acérée vient un instant flotter devant mes yeux... Mon univers s’envole. Elle et Buffy. S’embrassant. Se touchant. Se parlant. Cette seule idée me rend fou. Une femme que j’aime et une femme que j’aurais pu... désirer. Deux Tueuses.

Baisser la tête, tout accepter et prier pour son regard posé sur moi. Pleurer en dedans. Oublier que mon cœur est broyé. L’ignorer, elle, en apparence. Lui faire mal. Pour qu’elle sache.

Et le sang sur mon corps continue de couler sous ses yeux, pendant que je la supplie sans fin du regard. Que je meurs. Que j’abandonne. Que je reste sur ma croix à jamais et elle souffrira... Alors je ne dois pas revenir. Jamais.

Elle a... le droit de poser ses mains sur ton corps
Elle a... le droit de respirer ton odeur
Elle a... même droit aux regards qui la rendent plus forte
Et moi... la chaleur de ta voix dans mon cœur
Et ça fait mal, crois-moi, une lame, enfoncée loin dans mon âme
Regarde en toi, même pas l’ombre d’une larme
Et je saigne encore, je souris à la mort, tout ce rouge sur mon corps
Je te blesse dans un dernier effort

Elle aime caresser ton visage quand tu t’endors
Et toi tu te permets de dire encore, encore
Je sais que ce qui ne tue pas nous rend plus fort
Mais moi, mais moi je suis déjà mort
Et ça fait mal, crois-moi, une lame, enfoncée loin dans mon âme
Regarde en toi, même pas l’ombre d’une larme
Et je saigne encore, je souris à la mort, tout ce rouge sur mon corps
Je te blesse dans un dernier effort

Mais je saigne encore, je souris à la mort
Mais je saigne encore, tout ce rouge sur mon corps
Tout ce rouge sur mon corps
Tout ce rouge sur mon corps

Et pourtant... "Je crois en toi, Spike." Ne pas mourir, rien que pour cette voix. Je relève la tête alors que le sceau aux symboles étranges se met à briller... à briller... Il s’ouvre, et devant mes yeux horrifiés une créature que je connais bien, mais à laquelle je ne croyais pas, une créature aux traits déformés par la sauvagerie se dresse devant moi.

Drusilla, revenue comme en un tour de magie, bat des mains. Et tout mon être crit : Buffy, et tout mon être tremble à l’idée du combat qu’elle va devoir mener encore une fois, et dont peut-être, cette fois, elle ne ressortira pas...

Willow entra dans la cuisine et trouva Jed assis devant un bol de céréales et de lait. Il fixait intensément une cuillère.

Willow (doucement) : "Jed ?"

Le jeune homme sursauta.

Jed : "Heu... ouais, vous voulez quoi... heu ?"

Willow : "Willow."

Jed : "Ah ouais, la sorcière, c’est ça ?"

Willow (surprise) : "Oui, comment est-ce que tu... ?"

Jed : "Dawn m’a un peu parlé de vous tous... le p’tit gang et tout... les vampires... chouette vie !"

Willow (souriant et s’asseyant près de lui) : "Oh, eh bien ce n’est pas si terrible tu sais... en y réfléchissant... Je l’ai choisi."

Jed : "Ben, chacun son truc !"

Willow : "Tu n’y croyais pas vraiment, n’est-ce pas, avant-hier soir ?"

Jed : "Aux monstres ? [Hausse les épaules] Ce monde est dingue, un truc de plus ou de moins..."

Willow : "Oh, tu es un dur, c’est ça ?"

Jed : "J’ai pas dit ça, ok ?"

Willow : "C’est juste que tu avais l’air plutôt terrifié hier... je voulais être sûre que tout va bien pour toi..."

Jed (se relevant, dur) : "Tout roule, d’accord ? J’ai pas besoin d’une psy !"

Willow : "Je n’ai jamais prétendu en être une !"

Jed : "Alors quoi, vous avez besoin de materner ? Je me suis toujours passé de mère, merci !"

Alors qu’il s’apprêtait à quitter la pièce, Willow l’attrapa par le bras.

Willow : "Attends ! Je ne suis rien pour toi, je sais ça, et je ne prétends pas devenir autre chose... qu’une amie, pourquoi pas ? Tu peux me parler, c’est d’accord ?"

Jed (soupirant) : "Ouais, on lui dira..."

Willow (tenant toujours son bras) : "J’ai une dernière chose à te dire... qu’est-ce que tu as fait hier ? Pourquoi les poignards des Bringers ne t’atteignaient pas ?"

Jed (déboussolé) : "Ecoutez... je... j’en sais rien... vraiment rien. C’était... c’était pas ma faute, je sais pas ce que c’était."

Willow : "Tu as formé un bouclier de protection. Une magie puissante."

Jed (marchant dans la pièce, s’énervant) : "Je fais pas de magie ! J’en ai jamais fait ! Depuis que M... Faith m’a retrouvé il se passe des trucs bizarres... C’est votre faute ! C’est vous... vous tous ici avec tous vos trucs surnaturels, j’étais juste normal moi !"

Willow : "Des trucs... quels trucs bizarres ?"

Jed : "J’ai... [Il se laissa tomber sur un tabouret à côté d’elle] J’ai projeté une stalactite contre un mur sans la toucher... elle allait tuer Faith... je n’y comprends rien..."

Willow : "Et avant que tu ne retrouves ta sœur, il ne s’est jamais rien produit d’étrange ? Tu es sûr ?"

Jed : "Pour être honnête... peut-être... avec les chevaux. J’arrive à établir des contacts... je veux dire... je rentre en eux, je prends possession de leurs esprits... mais j’ai toujours cru, j’en sais rien, que c’était mon imagination, que..." [Soupire]

Willow (d’un ton rassurant) : "Ecoute, je suis persuadée que tout va s’arranger, ce n’est pas si grave d’avoir des dons..."

Jed : "J’ai toujours cru qu’on me prendrait pour un fou si je parlais du truc avec les chevaux... mais ici c’est plutôt courant les supers pouvoirs, pas vrai ?"

Willow : "Il suffit de savoir garder le contrôle, et je peux t’aider pour ça... mais il faut d’abord comprendre... je ferai des recherches, on ne sait jamais..."

Jed : "Pourquoi vous faites ça pour moi ?"

Willow : "Je veux t’aider, Jed. Les pouvoirs... j’ai eu de graves problèmes avec la magie noire pour tout te dire... si je peux je t’aiderai."

Jed (baissant les yeux) : "Ouais, c’est pas si grave non plus... mais c’est sympa de votre part..."

Il se leva, et se dirigea vers les escaliers.

Jed (se retournant) : "Eh... quelqu’un d’autre est au courant ?"

Willow : "Non, pas que je sache."

Jed : "Alors soyez gentille, n’en parlez à personne, surtout pas à... ma sœur."

Willow : "Je crois que je peux faire ça, tant que tu n’es pas en danger..."

Jed : "Bien."

Ils échangèrent un regard et Jed grimpa l’escalier. Willow soupira et resta un moment pensive, toute seule dans la cuisine. Elle avait l’impression qu’en aidant Jed elle se rachèterait en quelque sorte, et elle ne voulait plus jamais voir quelqu’un devenir fou à cause d’un abus de magie... plus jamais... mais chez Jed quelque chose était différent, et comme parfaitement contrôlé... pourtant il disait ses dons nouveaux... et la puissance employée était extraordinaire pour un si jeune garçon... Willow fronça les sourcils. Oui, quelque chose était différent chez Jed... et elle s’inquiétait un peu de l’attraction qu’elle n’ignorait pas qu’il pourrait exercer sur Dawn...

Suite PARTIE 2