TITRE : Genesis suite de Un truc de Tueuses.
AUTEUR : June87
FEEDBACK : june87@caramail.com
SPOILERS : Saison 7.
RATING : PG-13
DISCLAIMER : Faith, Buffy et tous les autres personnages appartiennent à Joss Whedon, WB, etc.
RESUME : Enfin le temps des révélations est venu... et les origines du monde pourraient bien s'en trouver revues et corrigées ! Celui qui a parlé de Dieu était bien ignorant, le jour de vérité est ici et c'est cette étrange jeune fille au nom d'Iliana qui va apporter la lumière à chacun. Et quand il s'agira de savoir qui est la Tueuse, certains choix se révéleront sans doute inattendus.

PARTIE 1   PARTIE 2

PARTIE 1

Livre I : La Genèse

Verset Premier : « L'Eternel Dieu prit l'homme et le plaça dans le jardin d'Eden »

 

Astyan prit tendrement la main de son épouse et Très Aimée Sœur, Anéa. Ensembles, ils s'avancèrent sur le promontoire rocheux à la blancheur immaculée. Leurs deux enfants se placèrent à leurs côtés. Un murmure parcouru la foule, rassemblée quelques dizaines de mètres plus bas, sur le forum, à la vue de la famille royale.

Le regard d'Astyan glissa sur son peuple, il en connaissait chaque âme au plus profond de son cœur, puis sur son île, Poséïdonia l'Indestructible, et, plus loin, sur la mer aux reflets azuréens. Un grand calme l'envahit. Une douce assurance gonfla sa poitrine, celle de savoir d'où l'on vient et pourquoi l'on œuvre, celle de connaître la légitimité de son pouvoir.

Tenant toujours la main pâle de sa compagne aux yeux d'été et de printemps, du vert tendre des jeunes pousses, il leva les bras vers le ciel. Elle imita son geste, un sourire extatique fleurit sur son visage à la beauté héraldique. 

La population les acclama, scandant leurs noms d'une voix unique et les mêlant aux vertus éternelles des Fêtes de Beltane, les fêtes de l'été. D'un mot, Astyan ramena le silence parmi eux. Sa voix s'éleva, grave et chantante, une voix de souverain, et il les remercia de leur fidélité. Anéa se joignit à lui et ils bénirent la communauté au nom des Dieux, leurs pères, et de la Déesse Mère Eternelle qui s'incarnait en Gaïa, la Terre, ou sous la forme de l'astre lunaire.

Ils prononcèrent des mots de paix et de sagesse, alors qu'Anéa allumait du regard les premiers feux de joie en l'honneur de la nouvelle saison. Depuis des millénaires leur civilisation régnait brillamment sur la Terre, les sept îles de l'archipel, sur lesquels dix couples se partageaient le pouvoir, vivaient dans l'harmonie la plus parfaite, des richesses incomparables les entouraient sans qu'aucun d'entre eux ne songe à en tirer profit… le bonheur et la sagesse étaient donc les seuls maîtres ici.

Au cœur du peuple, réunit en osmose, des mains se trouvèrent pour ne plus se lâcher, formant des chaînes d'amour pur, des yeux se fermèrent pour mieux savourer l'instant, et des larmes coulèrent devant la beauté inaltérable du monde.

Astyan et Anéa, les demi-Dieux, échangèrent un regard dans lequel se lisait tout l'amour et la félicité qui les habitait depuis toujours et qu'aucune réincarnation ne semblait jamais pouvoir altérer.

Sous-sol des Summers. Nuit.

« Centre ton énergie. Soleil levant. Position de riposte. Coup de pied bloqué. »

La jeune Summers suivait à la lettre les instructions de Susanna, affichant le masque impassible de la concentration, et ne ménageant pas sa peine.

« Coup de pied en avant. Coup de poings enchaînés. Bien. Centre ton énergie. »

La potentielle jeta un coup d'œil sur Dawn, en sueur comme elle.

« Allez, repos soldat ! »

Dawn la fixa, dubitative : « Déjà ? »

Son amie ne put réprimer un éclat de rire : « Ca fait plus d'une heure et demie qu'on s'entraîne ! Tu es infatigable toi ! Je te rappelle que moi je remets ça demain avec les autres… j'ai besoin de sommeil ! »

Dawn s'assit alors sur le sol de la cave, le corps en feu de l'effort fournit. Spike était en patrouille avec Buffy ce soir, les deux filles étaient donc tranquilles en bas.

Dawn : Je ne suis pas fatiguée, je t'assure ! Je crois que je pourrais faire le tour de la ville en courant…

Susanna : Ouai, depuis ton malaise tu es constamment surexcitée ! Hier, j'ai cru que tu allais exploser en cours de math tellement tu te tortillais sur ta chaise !

Dawn : M'en parle pas ! Ces cours sont si soporifiques, c'est horrible !

Elles rirent. Susanna se laissa glisser sur le sol à son tour. Depuis qu'elle avait commencé à s'entraîner avec les autres potentielles, y démontrant un talent qui n'était pas sans la surprendre et sans l'effrayer en même temps, Dawn l'avait suppliée de lui enseigner ce qu'elles apprenaient, ce que Sus avait accepté de bonne grâce. La jeune fille aux cheveux d'ébène était même plutôt contente de pouvoir retrouver des moments de complicité avec Dawn, cette dernière s'étant perceptiblement éloignée d'elle depuis qu'elle avait été « élue ». Et puis Susanna ne comprenait pas pourquoi Buffy s'obstinait à tenir Dawn à l'écart de leur formation, alors elle était bien décidée de remédier à cela, dans le dos de ladite Tueuse bien entendu. Cette rebellions interne n'était d'ailleurs pas sans plaire à l'adolescente, cela lui rappelait le bon vieux temps…

Dawn : Ecoute !

Susanna : Quoi ?

Dawn : Le silence… j'adore !

Susanna (esquissant un sourire) : Profites-en bien parce que ça ne va pas durer, tu peux me croire !

Dawn : Ben c'est bien ce que je compte faire !

Susanna : Ah oui ? Tu as un plan pour ça ?

Dawn se releva mystérieusement et alla jusqu'à son sac, qu'elle avait laissé sur le lit de Spike.

Dawn : Ca te dirait de faire comme si on était des ados normales ?

Susanna (suspicieuse) : C'est à dire… ?

Dawn : Faire la fête !

Sus fronça les sourcils et la jeune clé exhiba alors un paquet de cigarettes et une bouteille d'alcool d'un air triomphant.

Susanna (faisant les gros yeux) : Dawn ! Si Buffy…

Dawn : Oh, la paix avec ma sœur ! Elle ne va pas revenir avant des heures !

Susanna (ironique): Ouai, d'ici on aura le temps d'être totalement défoncées !

Dawn : T'es pas drôle ! (lui tendant une cigarette) Allez, prend, je les ai piquée à Faith…

Sus : J'ai arrêté.

Une ombre fugace passa sur le visage de la brune.

Dawn (surprise) : Tu fumais ?

Sus : Avant oui… avec Chris.

Un éclair de compréhension atteignit Dawn.

Dawn : Oh… écoute, je voulais pas raviver…

Mais Susanna ne la laissa pas achever et prit une cigarette d'un air gourmand. Bien sûr, elle s'était juré de ne plus jamais faire ça, bien sûr… Mais après tout les choses étaient pour le moins différentes maintenant, Chris était en prison et elle-même pouvait mourir à tout moment dans ce que Buffy appelait « la guerre ». Et puis… Dieu ce que le goût du tabac lui manquait… elle n'avait pas réalisé à quel point jusqu'alors. Elle alluma sa clope et en tira quelques bouffées, sous le regard médusé de Dawn, laissant courir ses doigts sur le filtre comme on retrouve un vieil amant dont on avait oublié l'existence. Dawn imita les gestes de son amie, mais la fumée lui irrita la gorge en descendant dans ses poumons, et elle toussa d'un air dégoûté.

Dawn : Tu aimes vraiment ça !

Sus : Question d'habitude… mais j'aimerai autant que tu ne t'y habitue pas…

Par pur réflexe de contradiction et aussi parce qu'elle éprouvait une intense frustration de ne pouvoir partager ça avec sa meilleure amie, Dawn aspira une nouvelle bouffée. Bon, le goût n'était pas meilleur et à part lui brûler les entrailles elle ne voyait pas vraiment l'intérêt de la chose, mais elle refusait d'instinct d'être mise à l'écart de ce plaisir mystérieux.

Susanna lui prit la bouteille des mains et avala quelques gorgées brûlantes du liquide, songeant que l'alcool risquait très vite de lui montait à la tête depuis le temps qu'elle n'en avait pas consommer… mais elle n'en avait cure, ce moment lui rappelait Chris et elle avait bien besoin de boire pour l'oublier ! De plus, il ne serait pas désagréable par les temps qui couraient de sombrer dans la douce inconscience de l'oubli que procurent les boissons fortes.

Sus : Divin. Goûte.

Elle tendit la bouteille à Dawn, qui n'hésita pas cette fois.

Dawn : Wow ! C'est fort !

Sus : C'était ton idée.

Dawn : C'est bon.

Sus : N'est ce pas ?

Dawn : Je vais être bourrée !

Sus : A la tienne !

Elles éclatèrent de rire.

Susanna (reprenant son sérieux) : On a pas beaucoup eu l'occasion de parler ces derniers temps, hein ? Comment ça va avec Jed ?

Dawn : Oh… il m'évite avec un talent tout à fait remarquable !

Sus : Il ne te mérite pas.

Dawn : Exactement.

Sus : Tu devrais te trouver quelqu'un d'autre que ce crétin.

Dawn : Mais j'y compte bien !

Sus : Parfait.

Dawn (après un silence) : Tu crois qu'il m'aime encore un peu ?

Sus (soupirant) : Bien sûr que oui. Laisse-lui le temps de gérer sa vie, ensuite il reviendra. Il a juste peur.

Dawn : Et alors ? Moi aussi et je fais face.

Sus : Mais toi tu as toujours vécu dans ce milieu, c'est nouveau pour lui ! Que je sache tu n'as pas réagis de manière totalement équilibrée quand on t'as appris que tu étais la clé.

Dawn : Ok. Un point pour toi.

Sus : Est-ce que tu y penses très souvent ?

Dawn : Au fait d'être une clé démoniaque ? Relativement, oui. Parfois, ça m'angoisse tellement que j'ai l'impression d'étouffer… tu t'imagines penser que tu n'existe pas ? C'est de la folie…

Susanna : Je sais. Je comprends.

Dawn (sarcastique) : Si tu le dis…

Sus : Enfin, pas vraiment mais… ma situation est plutôt angoissante aussi. Alors, je comprends le sentiment.

Dawn : Je t'en pris ! C'est facile pour toi, tu es une potentielle !

Sus : Je ne crois pas non… je ne veux pas devenir Tueuse ! Je n'ai pas envie de passer ma vie à combattre des monstres… j'aurais voulu avoir une vie, j'aurais voulu… pleins de choses mais pas ça, pas mourir jeune sans savoir pourquoi.

Dawn : Pourquoi ? Pour sauver des innocents, pour faire le bien… c'est des bonnes raisons !

Sus : Ah oui ? Et qui a crée la Tueuse ? D'où est-ce qu'on vient, hein ? Même Buffy l'ignore !

Dawn : Peut être, mais les observateurs doivent le savoir eux au moins…

Sus : Je suis convaincue que non.

Dawn : Peu importe de toute façon personne ne va frapper à la porte pour faire de grandes révélations !

Sus : Je sais… (lui passe la bouteille) Bois, ça va nous remonter.

Un quart d'heure plus tard… Dawn se servait de la bouteille comme d'un micro pour chanter une chanson de sa création : « les hooommes sont des idiots… et la viiiie est cool-euh ! »

Sus : Dawn, taie toi, tu vas réveiller toute la maison !!

Dawn (pouffant) : Et alors ? Qu'est ce qu'on s'amuse, hein ? C'est peut-être la dernière fois qu'on peut faire la fête ! (d'un air triomphant) Si ça se trouve on va tous crever !!

Sus : On t'a déjà dis que tu avais l'alcool triste ?

Dawn : J'ai pas l'air gai ?

Sus : Tu as l'air dingue !

Dawn (riant): Je suis bourrée !

Sus (se redressant tout d'un coup) : Merde, j'entend la porte d'entrée… si c'est Buffy on est fichue !

Elle se releva tant bien que mal et planqua les objets de leur délit. Ensuite, elle tira Dawn par la main.

Sus : Allez, lève-toi Dawnie, dépêche !

Tout en s'esclaffant, la jeune Summers parvint à obtenir un équilibre sur ses pieds qu'elle jugea plus que satisfaisant.  Deux minutes plus tard, Spike descendait les marches du sous-sol.

Spike (apercevant les deux filles) : Buffy ! J'ai trouvé Dawn !

La Tueuse rappliqua instamment.

Buffy : Dawn ! Susanna ! Qu'est ce que vous…

Sus : Oh, on… était descendu pour parler, un peu, au calme…

Buffy : Vous avez vu l'heure ? Dawn, je t'ai dis cent fois de…

Sus : Entraînant Dawn vers la sortie) : On est désolées, on a pas vu le temps passer…

Dawn (bas) :  Attend, ma psychorigide de sœur va piquer sa crise !

Buffy : Mais ça sent la cigarette ici ! Les filles ?!!

Mais la porte se refermait déjà derrière les deux jeunes rebelles.

Buffy (estomaquée) : Mais c'est… elles ne vont pas s'en tirer comme ça ! Elles n'ont quand même pas… fumé !!

Furieuse, Buffy s'élança à leur suite, sans autre égard pour Spike.

Celui-ci secoua la tête et se laissa tomber sur son lit en soupirant. Il avisa le sac de Dawn, resté sur son lit, et le posa sur le sol. En entendant un bruit de verre, il ouvrit le sac et en sortit la bouteille. Il la considéra un instant, puis haussa les épaules et l'ouvrit.

Spike (pour lui-même): Ouai, fumé… et bu. Si tu veux un conseil, essaie de t'intéresser un peu à ta sœur, la Tueuse… à elle et à tous les autres.

Il leva la bouteille en direction de la porte par laquelle Buffy avait disparue quelques minutes plus tôt.

Spike : A tes amours, mon cœur !

Il but une gorgée, puis une autre, la mine sombre.

La nuit était belle. Paisible. La lune brillait, pleine, au cœur d'un ciel d'encre. Une nuit propice aux romances… ou à la chasse. La belle brune, qui rangeait son pieu dans sa ceinture au beau milieu du cimetière de Sunnydale, avait plutôt choisi la dernière solution… histoire d'habitude et de talent. Quand on est la Tueuse, même si ça n'a été qu'un titre pour vous pendant longtemps, il faut mettre de côté tout ce qui pourrait ressembler à des sentiments. C'est du moins comme ça que Faith avait conçu sa vie depuis des années. Ranger les sentiments dans un profond coffre noir, tuer et s'amuser. Point. Et au fond, cette vie lui avait très bien convenu durant un temps, assez sans doute pour se sentir surpuissante et à l'abri. Grave erreur. Il y avait eu la mort de son observatrice et la rencontre de Buffy. Et elle ne savait plus au juste ce qui avait été le pire des deux.

Buffy… rien qu'à l'évocation de la petite blonde au caractère bien trempé, un frisson lui parcourait l'échine, mélange de désir, d'excitation et de haine… de haine ou de peur ? L'un allait rarement sans l'autre chez elle. Elle craignait plus que tout ce que Buffy pouvait lui faire (la faire ressentir, la faire souffrir) et pour l'heure elle avait choisi de se retrancher derrière une indifférence cassante envers son alter ego. Angel aurait dis qu'elle fuyait, ce qui n'était peut-être pas complètement faux, mais dans son job il fallait savoir se préserver. De plus, Buffy n'avait pas l'air d'être tellement perturbée par la situation, elle était trop occupée par son apocalypse pour se soucier d'autre chose. Très bien, Faith n'allait pas s'en plaindre. Et puis « blondie a son fidèle Spiky si elle a un problème », comme elle l'avait gentiment énoncé à Robin. C'était vrai. B était « la nana de Spike » depuis un bon bout de temps, non ? Preuve en était : ils patrouillaient ensembles maintenant, comme au bon vieux temps… Le fait que l'autre Tueuse n'ait pas l'air plus proche de lui au quotidien ne prouvait absolument rien. Penser à une trahison de la part de Buffy aidait Faith à la détester. Et elle puisait sa force dans ce sentiment.

Ainsi, sa propre conduite lui paraissait dénuée de toute culpabilité. Elle pouvait bien jouer à séduire Wood puisque Buffy faisait de même avec le vampire blond.  L'ennui était qu'à force de côtoyer le proviseur une certaine proximité se créait doucement entre eux. Et pas le genre de proximité qu'elle aurait voulu. Elle le voulait dans son lit, c'était tout. Or, il était en train de gagner son amitié, il était… (trop gentil ? trop vrai ?) différent de ce qu'elle attendait. Il avait la faculté de se faire aimer. Et à trop jouer à son petit jeu de séduction, elle risquait bien de se brûler les ailes… et de l'aimer quand elle voulait bannir toutes émotions de sa vie.

« Faith ! »

Elle revint sur Terre en se demandant comment diable elle avait fait pour en arriver à ce genre de réflexion.

Faith : Tu tiens le coup ?

Elle lança un coup d'œil amusé à celui qui l'accompagnait.

Le proviseur Wood essuya sa figure, recouvert d'une fine couche de poussière grise, d'un geste las. 

Wood : Je crois que je ne me défends pas trop mal ! Et toi… tu n'en as jamais marre, hein ?

Elle le tira par la main, un sourire enfantin faisait éclairait son visage et ses yeux brillaient d'un air mutin.

Faith : Allez viens, on continue ! C'est toi qui voulais voir comment se passait une patrouille !

Wood : Je suis sûr que tu en fais des tonnes pour m'impressionner !

Faith : Arrête ou je vais penser que tu es trop vieux pour ce job !

Wood : Chasser les démons n'est pas un « job » !

Faith : Ah non ?

Wood (sérieux): C'est une vocation.

Faith (riant) : Toi, il faut que tu aies une vraie conversation avec Rupert !

Robin leva un sourcil interrogateur. Il se souvenait vaguement de l'observateur et des quelques membres du gang qu'il avait rencontré quelques jours plus tôt après qu'Alex ait failli y passer… mais sans plus. En réalité, ce soir là il était tellement obnubilé par l'idée que Buffy, et non seulement elle mais aussi la majorité de ses amis, puisse accueillir un vampire sous son toit comme si c'était la chose la plus naturelle du monde… qu'il ne s'était pas vraiment montrer assez attentif pour retenir qui était qui. Et Faith, il le remarquait, était loin d'être intarissable au sujet des uns et des autres… en fait, c'était bien simple dès qu'il abordait le sujet elle s'arrangeait pour détourner la conversation. Il avait d'abord pensé qu'elle ne lui faisait peut-être pas assez confiance, puis s'était dis qu'elle voulait sans doute garder pour elle sa vie de Tueuse, car après tout c'était assez nouveau pour elle de faire partie d'un groupe, mais il n'était pas loin de croire à la réflexion qu'elle tentait de montrer le plus d'indifférence possible pour se préserver. Etrange jeune femme, difficilement cernable. Toujours était-il que, comme il l'avait prévu, elle ignora son air interrogateur et ne jugea pas nécessaire de lui donner plus d'informations.

Faith : Demain matin. Dix heure. Tu verras le QG, je te l'ai promis.

Elle l'avait fais, effectivement, et il n'en revenait encore pas… il s'attendait encore à la voir changer d'avis à tout moment. Mais elle avait l'air de compter tenir sa promesse cette fois, les demande pressantes de Robin n'y étant sûrement pas étrangères, bien entendu.

Wood : Je n'attends que cela !

Faith : Bien. Alors, dis-m'en plus à propos de ce dont tu me parlais avant que ces vampires nous attaquent…

Robin laissa son regard errer sur la jeune femme un instant. Elle marchait, volontaire et déterminée à abattre tous les obstacles qui pourraient se mettre en travers de son chemin. En apparence, du moins, car elle vivait avec cette part de mystères, d'ombres et de secrets attachés à chacun de ses pas. Son être entier respirait la force et l'absolue altérité. Elle était différente de tout ce qu'il avait pu connaître auparavant, et cette constatation était loin de suffire à la peindre. Tout ce qu'il avait pensé connaître des femmes, avec la vision de sa mère comme point de comparaison  par excellence, s'avérait n'être que souffle et illusion. Faith était incroyablement attirante. Tout en elle suscitait le désir : son assurance, le feu au fond de ses prunelles, la sensualité inhérente à chacun de ses gestes… et cette part caché, niée, de cassures, de fêlures internes, qui donnait envie de l'envelopper dans ses bras pour ne plus jamais la laisser repartir. Lui prouver que les hommes n'étaient pas tous à mettre au rang des monstres était un défit élevé que Robin caresser parfois l'ambition de relever. Mais elle était un animal sauvage et fougueux, pas de ceux qu'on apprivoise. Il soupira. En tout cas, ses différents avec Buffy avaient eu le mérite de lui donner envie de déplacer des montagnes… elle paraissait terriblement maîtresse d'elle-même et de son destin depuis lors. Terriblement. Et elle semblait bien résolue à mettre le proviseur dans son lit, ce qui le poussait à repousser ses avances avec une rare application… attisant les désirs  de ladite Tueuse de le posséder. Ce petit jeu de séduction ne manquait pas de sel au moins, et réveillait ses sens endormis depuis quelques temps à cause de l'objectif qu'il s'était fixé : la Grande Bataille de Sunnydale.

Faith lui saisit brusquement la main, enroulant ses doigts dans les siens comme s'ils étaient fais pour s'emboîter, interrompant le cours des pensées de Wood.

Wood (revenant à la question de Faith) : Heu… oui, je te disais donc que j'avais quelque chose à te donner, quelque chose qui me vient de ma mère.

Faith : Ouai, une sorte de trousse de secours si j'ai bien suivi ?

Wood : Exactement. Enfin, c'est ce que je crois que c'est… Je sais seulement que ça concerne le pouvoir de la Tueuse, l'origine de son pouvoir.

Faith : Bouquins, armes et boite mystérieuse, c'est ça ? C'est B qui va être contente !

Wood : Tu vas la lui donner ?

Faith : C'est elle la patronne !

Wood : Faith… (il l'obligea à s'arrêter)Tu es aussi la Tueuse !

Faith : Oui, à force de me le répéter, tu vas finir par me convaincre… Ecoute, Robin… je suis la Tueuse, ok, pour la chasse et l'action, y a pas meilleure que moi ! Mais pour jouer au chef ou déchiffrer des énigmes, j'ai jamais été douée… chacun son truc ! Ca me va comme ça, prendre des décisions ne  m'a jamais réussi. (Elle haussa les épaules) B est loin d'être aussi bonne que moi pour… (elle colla son corps contre celui de son coéquipier) ça.

Elle l'attira et l'embrassa. Il voulait lui résister, mais elle embrasait ses sens, et s'écarter de ce feu de volupté lui sembla tout à coup surhumain. Il laissa glisser ses mains le long des reins de la jeune femme, et elle se cambra, avec la souplesse d'une tigresse, sur ses hanches. Sa langue buvait sa chaleur tout en lui donnant de la sienne. Doucement, elle l'engagea à s'étendre sur le sol, il suivit ses mouvements coulés et son dos rencontra bientôt la terre froide du cimetière. Les mains de Faith soulevaient son pull et exploraient son torse sombre. De la lave en fusion réchauffait son corps, elle était son été en plein hiver.

Mais brusquement, il arrêta les gestes de la Tueuse.

Wood : Faith…

Faith : Quoi ? Ne dis pas que tu n'en meurs pas d'envie, je peux sentir le contraire…

Wood : Non, Faith !

Il lui saisit les bras et la fit rouler sur le côté…à temps pour empaler le vampire qui allait la frapper. Ils échangèrent un regard et se relevèrent d'un même mouvement. Deux autres créatures de la nuit leur faisaient face, armées.

Vampire 1 : La Tueuse, n'est ce pas ?

Faith : Il paraît.

Vampire 1 : Ses appétits sont toujours dévorants…

Faith : Vous avez fini de parler de moi à la troisième personne ? Histoire que je vous tue par exemple…

Vampire 1 : Ne sois pas si présomptueuse, jeune Faith.

Elle marqua un temps d'arrêt, surprise.

Faith : Je suis si populaire que ça ?

Vampire 1 : Les vrais vampires, les anciens, n'ignorent jamais dans quel sens tourne le monde. Regarde, Beloved one, celle qu'il te faudra craindre.

L'être immortel, aux longs cheveux dorés et à la peau glabre, caressa tendrement la joue de celui qui l'accompagnait, dont la longue chevelure, d'ambre et de boucles, ne parvenaient pas à dissimuler la jeunesse apparente.

Wood : Ca suffit ! Qui êtes vous ?

Le proviseur serra son pieu d'un air menaçant, près à se jeter sur eux, mais Faith l'arrêta d'un geste, comme fascinée.

Faith : Attend.

Un pâle sourire étira les lèvres du vampire aux cheveux de blé. Il ne tourna pas même la tête vers Wood.

Vampire 1 : Je me nomme Marius De Romanus, et voici mon fils, Armand. Il m'incombe de lui enseigner comment fonctionne notre univers. Il devait donc vous rencontrer, madame, puisque vous êtes réputée pour être notre pire menace.

Le regard de Faith passa sur le jeune homme qui se tenait légèrement en retrait. Il écarta ses cheveux d'un geste insolent, ses longues mains blanches étaient chargées de bagues, et dévoila ainsi un visage de marbre angélique et étonnamment beau.

Armand : Je n'oublierai pas cette leçon, Maître, elle à un trop grand charme… et les couleurs du volcan brûlent en cette femme…

Faith put percevoir une pointe de désir dans sa voix… désir de son sang ou de nuits d'ivresse des sens à ses côtés ? Elle n'était pas sûre de vouloir le savoir.

Faith (à Marius): Vous venez lui montrer comment me tuer ?

Marius : Me croyez-vous donc si naïf ? Pensez-vous que j'ai un quelconque intérêt à votre mort ? Vous serez remplacée, je ne l'ignore pas… je n'ai donc aucune raison de risquer aussi stupidement ma vie.

Faith : Même pas par défit, par honneur de m'avoir ?

Marius : Vous avez une bien triste idée de ceux de ma race, mais sans doute n'avez vous jamais rencontré de vrais vampires. J'ai près de deux mille ans et des pouvoirs que vous ne sauriez imaginer. Ma vie est faite d'art et de pouvoir, d'apprentissages et de dévotions envers Notre Bien Aimé Seigneur, le Christ. Je ne tue que les criminels et ait œuvré une partie de ma vie à l'éducation de jeunes humains, à Venise.

Armand eut un mouvement d'agacement.

Armand : Cela fait plus de 500ans de cela, Maître, et vous n'avez rien fait pour les sauver de la destruction, vous le savez. Pourrez t'on achever au plus vite cette comédie sordide ? J'ai compris votre admonestation, et j'admets avoir vécu pendant 500 années sans avoir connaissance de l'existence des Tueuses. Mais cela ne va t'il pas à l'encontre même de tous les principes terrestres ? Pourquoi Dieu nous aurait t'il crée tout en la créant elle pour nous exterminer ? Mais quelle importance à tout cela… nous ne sommes pas destinés à nous pourchasser, n'est ce pas ?

Marius : Le crois-tu ? On dis pourtant que même Dracula y aurait prit plaisir…

Armand : Dracula est un sot qui dessert notre réputation ! Ses excentricités nous ont fait connaître au monde entier et certains de nos frères ont péris par sa faute…

Marius : Calme toi, Amadeo, je connais ta haine pour ce personnage. Et ce n'est pas le sujet de notre venue, n'est ce pas ?

Armand : Non, bien sûr, le sujet est de me démontrer que vous m'êtes toujours supérieur, c'est cela ? Malgré toutes ces années…

Faith : Excusez-moi, mais… vous n'êtes venu que pour me voir alors ?

Marius : Oui, mais aussi pour vous mettre en garde.

Faith : Je me disais aussi…

Marius : Une apocalypse se prépare.

Faith : On est au courant et on est prêt, ne vous en faites pas pour nous…

Marius : Je crois que vous ne mesurez pas l'enjeu. L'équilibre entier entre les forces est menacé, la chaîne peut rompre d'un instant à l'autre et notre univers basculer.

Wood : Expliquez-vous.

Marius : Le Mal Absolu est à Sunnydale, si son plan aboutit sa force démoniaque se répandra en chacun, il réouvrira la bouche de l'enfer et les démons qui en sortiront sont plus puissants que ce que vous n'avez jamais vu. Ils asserviront les hommes et les réduiront à néant. Le chaos s'étendra sur la Terre, sans aucune chance de retour. Pas cette fois.

Faith : Comment ça, pas cette fois ?

Marius : On raconte qu'une telle chose s'est déjà produite bien avant que notre monde soit tel que nous le connaissons… Mais le mal a été éradiqué par des Dieux Supérieurs. J'ai peur que cette fois ce ne soit pas le cas.

Faith : Mais… que va t'il faire exactement ?

Marius : Le sceau de Danthazar va être ouvert. Vous devez absolument empêcher ça, ou du moins empêcher que ce qui se terre dans ses profondeurs ne sorte de cette ville.

Faith : Et… qu'est ce qui se terre en dessous ?

Wood (bas): Ce qui dévore tout….

Marius : Votre ami a raison. Je ne peux rien vous dire de plus.

Faith : Attendez ! Comment… comment tuer le Premier ?

Marius : On ne peut pas le tuer… mais pensez aux Deeper Wells.

Faith : Qu'est-ce que ça veut dire ?

Marius : Vous le saurez le moment venu.

Armand : Nous avons toute foi en vous.

Faith : Pourquoi est-ce que vous ne voulez pas que le Mal gagne ? Vous êtes des vampires…

Marius : Nous ne sommes pas ses serviteurs, il nous considère comme des hérétiques parce que nous adorons le Christ et que nous ne vouons pas notre vie aux meurtres. Il nous passerait sur le bûcher s'il remportait cette ultime victoire.

Faith : Mais…

Elle n'eut pas le temps d'achever sa phrase, les deux vampires se volatilisèrent devant ses yeux interdits.

Faith : Attendez ! Revenez !

Seul le silence glacé lui renvoya l'écho de son appel.

Elle se tourna vers Robin Wood.

Faith : Est-ce que tu as compris quelque chose à tout ça ? Tu as déjà vu des vampires de cette sorte ? C'est…

Wood : Tu aurais dû les tuer.

Faith : Quoi ? Mais ils nous ont aidés ! Ils ont dis qu'ils n'étaient pas mauvais…

Wood : Ce sont toujours des suceurs de sang, non ? Depuis quand est-ce que tu sympathise avec eux ?

Faith : Je ne sympathise pas ! C'est juste que…

Wood : Tu étais totalement hypnotisée par eux ! Je suppose que ça a à voir avec ta condition de Tueuse…

Faith : Ce qui signifie ?

Wood : Vu comme Buffy protège ce… Spike, c'est cela ? Il faut croire que les Tueuses ont une attirance naturelle pour les… démons sanguinaires.

Faith : Je ne suis pas comme Buffy ! Je n'ai jamais eu qu'une relation normale de Tueuse/proie envers les vampires… ceux-là se sont seulement volatilisés trop vite pour me laisser le temps de réagir !

Wood la dévisagea, pas vraiment convaincu.

Faith (en colère) : Le fait que ta mère se soit fait buter par un vampire ne te donne pas tout les droits, ok ?! Je sais que tu les hais, mais sincèrement j'ai du mal à croire que ces vampires là soient responsable de sa mort. Alors, excuse-moi mais bonne nuit, on se voit demain matin, comme prévu, j'espère que d'ici là je me serais calmée…

Elle tourna les talons et disparu dans la nuit. Wood ne chercha même pas à la retenir.

Wood (pour lui-même) : Oh non, Faith, se ne sont pas ces vampires… mais si tu savais qui dort sous le même toit que toi tu agirais bien différemment, crois-moi…

Faith marchait d'un pas rageur vers la demeure des Summers. Robin avait vraiment dépassé les bornes, la comparer à Buffy ! Alors qu'elle détestait Spike au plus au point, alors que… L'image d'Angel s'imposa quelques secondes à son esprit. Bon, d'accord, il fut un temps où elle avait voulu conquérir le ténébreux vampire et, oui, elle reconnaissait qu'elle lui faisait aujourd'hui toute confiance… mais ça ne signifiait pas du tout qu'elle puisse éprouver une attirance pour les vampires en général. En fait, c'était bien simple, sa vie entière reposait sur l'idée qu'il y avait d'un côté le bien, autrement dit les Tueuses, et le mal, c'est à dire les vampires et démons de tout poil. Elle n'était pas comme Buffy prête à pardonner des trucs invraisemblables à n'importe qui, ou à éprouver de la compassion pour les gentils démons. Le sourire d'Armand, derrière ses longs cheveux de cuivre, revint la hanter. Elle frissonna. Ces êtres là étaient différents. Ils dégageaient une aura étrange, presque… fascinante. Elle devait absolument cesser de penser à cela, elle en parlerait aux autres et ils trouveraient sans doute une explication tout à fait rationnelle à tout ça.

Alors qu'elle atteignait le porche de Revello Drive, la porte d'entrée s'ouvrit brusquement et Spike en sortit, la heurtant au passage.

Faith : Hey ! Qu'est-ce que… ?

Mais il avait l'air dans une colère noire et ne lui prêta aucune attention.

Faith (bas) : Que se passe t'il encore dans cette baraque ?

Elle pénétra à l'intérieur et vit Buffy, debout au milieu du salon, entourée de tous le scooby et des potentielles. Une pelle était posée sur le sol au centre de la pièce.

Faith : Heu… salut !

Buffy se tourna lentement vers elle, quelque chose de très froid passa le long du dos de Faith en regardant les yeux de la blonde.

Faith : Je tombe… mal ? je devrais peut-être pas traîner dans le coin…

Buffy : Non, reste, je t'en prie, tu arrives à merveille justement. Les festivités sont terminées, malheureusement.

Faith (précautionneusement): Ok… et, ça a un rapport avec cette pelle ?

Buffy : Perspicace à ce que je vois ! Cloé s'est suicidée. Pendue. Je viens de l'enterrer.

Faith hocha lentement la tête, digérant l'information. Son regard passa sur les potentielles qui s'essuyaient les yeux et sur les membres du scooby qui avaient l'air livide. Tous fixaient Buffy d'un drôle d'air, presque effrayé.

Faith : Je…

Buffy : Quoi ? Tu es désolée de ne pas avoir été là ? Tu n'es jamais là pour le sale boulot, pas vrai Faith ? Pas là non plus pour les discours… et tu as raté le miens. Je suis sûre qu'ils vont tous se faire un plaisir de te résumer ça. J'oserai ajouter que si on veut espérer remporter cette victoire il serait bon que tu « traîne dans le coin » un peu plus souvent. Se serait quand même dommage que tu meures avant le combat ! Ah et… (elle se rapprocha d'elle) je ne sais pas toi, mais moi je trouve que tu commences à perdre de ta morgue à côtoyer le proviseur… au fond c'est peut être pour ça que je me suis rapprochée de Spike… tu te ramollie, Faith, la fille dangereuse que tu été a presque disparue… même les vampires ne vont plus te craindre bientôt.

Faith serra ses poings avec force, sentant la haine monter en elle.

Buffy (souriant) : Penses-y, Maria… et impressionne-nous.

Elle sortit du salon sur ses mots, la tête haute.

Faith resta un instant immobile, laissant la fureur descendre.

Willow s'approcha d'elle.

Willow : Elle… heu… elle ne le pensait pas vraiment, tu sais… je crois qu'elle était seulement, énervée contre nous et à cause de Chloé aussi.

Faith : A cause de Chloé ? Est-ce que vous pourriez me résumer ce qui s'est passé ici ?

Ils le firent tous, bruyamment et en désordre, mais elle comprit l'essentiel… Buffy avait pété un plomb, mais elle n'était pas sûre que se soit une si mauvaise chose. Un, parce que les filles semblaient comme ça se rapprocher d'elle, et deux car il n'était pas mauvais qu'ils entendent leurs quatre vérités de temps en temps. Buffy avait sans doute poussé un peu, mais au moins elle avait suscité une réaction chez eux, et ça valait toujours mieux que l'apathie apeurée qui gagnait tout le groupe. Les coups d'éclats commençaient apparemment à connaître la blonde. Elle se ressaisissait et voulait manifestement reprendre sa place de chef. A moins qu'elle ne veuille pousser Faith à se battre pour cette place ? Ce n'était pas idiot  de le penser… La Tueuse brune avait trop tendance à lui laisser les rennes, et il était probable que Buffy en est plus que marre. Très bien. Si elle voulait la guerre, elle l'aurait. Elle voulait la revoir comme elle était avant ? Parfait, il suffisait d'attendre la bonne occasion… Seulement, cela risquait fort de ne pas lui plaire tant que ça au final… Faith sourit.

Verset Second  : Le Premier Péché : « et ils mangèrent une pomme de l'arbre de la connaissance du Bien et du Mal »

 

Astyan inclina la tête et les cages enfermant des milliers de colombes blanches, élevées avec soin et amour pour cette occasion si particulière, s'ouvrirent. Les oiseaux se répandirent dans les airs, comme l'écume de vagues immenses. Alors, Astyan et Anéa entonnèrent un chant à la pureté du cristal et au roulement merveilleux de perles nacrées sur le sable. La cité se para de couleurs fantastiques et la vie fut ainsi célébrée dans tous les cœurs.

Mais, tout à coup, un cri perçant déchira l'atmosphère mystique. Une colombe, blessée, retomba sur la foule. Avant que quiconque est le temps de se ressaisir, ce fut comme une pluie d'oiseaux mutilés qui s'abattit sur le peuple. Comme fauchés en plein vol par une puissance mystérieuse, les volatiles maculèrent le sol opalin de la cité blanche de milliers de gouttes écarlates. La population se mit à hurler et à fuir en désordre, évitant les oiseaux, devenus brusquement porteurs de mort.

Astyan regarda sa compagne avec détresse et incompréhension. Elle lui serra la main de toutes ses forces, s'accrochant à lui sans vouloir paraître succomber à la panique. Aucun d'eux ne parvenait à comprendre l'horreur s'abattait sur l'île. Leurs enfants, restés en retrait pendant la cérémonie, vinrent s'agripper à eux avec affolement. La nation n'avait jamais connu de guerre, ni même de simples dissensions, et le sang et la violence répandus leur étaient étrangers… jusqu'à ce jour.

Soudain, la mer se gonfla au loin comme produisant une vague énorme. Et petit à petit, un être innommable émergea des flots déchaînés. Son corps était presque transparent, des cornes étaient enroulées de chaque côté de son crâne et des yeux entièrement rouges aurait pu le faire passer pour Satan lui-même si le diable avait été connu ici-bas. Il se présenta sous le nom de Géant ou Serpent et sa voix était si forte et monstrueuse qu'elle rendit fous les Hommes restés sur le forum. Il était le Mal et sa simple vue inocula la haine dans les cœurs jusqu'alors purs des Atlantes.

Astyan lâcha la main de sa douce épouse, et la somma de se mettre à l'abri avec leurs enfants, puis il s'avança vers l'Ennemi. Il était bien décidé à se battre, à vaincre, dusse t'il y perdre la vie…

Derrière lui, son fils et sa fille le regardèrent défier le Géant avec l'effroi qu'apporte la certitude de l'inéluctable fin d'un monde.

Jardin des Summers. Jour.

Les potentielles étaient réunies dans le jardin, discutant par petits groupes ou flânant en attendant le début de l'entraînement. Iliana marchait d'un pas tranquille, à l'écart des autres filles. Elle se pencha et ramassa un peu de terre dans ses mains. Une graine était à l'intérieur. Alors elle murmura des mots dans le langage de la nature et de la vie, et une fleur germa au creux de ses paumes et s'épanouit. Iliana sourit et la reposa sur le sol.

« Ils ont tous oublié… oublié qu'ils en avaient le pouvoir. », Dit-elle tout bas.

La voix de Kennedy la tira de sa rêverie contemplative et elle se releva pour rejoindre les autres. La petite amie de Willow avait était désigné pour être leur chef depuis hier… mais si le jour d'avant elle semblait tout excitée à cette idée, sous le regard indulgent de la sorcière, il n'en était pas de même ce matin. L'idée qu'elle put être responsable du suicide de Chloé paraissait la miner, même s'il était entendu par la plupart que seul le Premier était réellement coupable et que de plus la petite potentielle s'était montrée très sensible depuis le début. Néanmoins, l'on pouvait sentir que le coup d'éclat du Mal avait fait son effet, et que l'ombre de la peur planait sur le groupe de combattantes novices. Iliana se joignit donc à elles. Pour sa part, elle savait que le Premier ne s'y était sûrement pas pris en une nuit pour avoir Chloé, il était évident qu'il se livrait à un acharnement psychologique avec elle depuis plusieurs jours… le problème était qu'Ily n'avait rien vu. Elle savait très bien comment ce démon pouvait s'y prendre pourtant, elle connaissait ses méthodes… mais elle ne s'était pas montrée assez vigilante. C'était donc en partie sa faute. Une mort, en un temps où ils avaient tant besoin de renfort, était toujours de trop. A l'avenir elle devrait surveiller les filles. De toute façon, après la soirée qui arrivait, chacun compterait sur elle pour le faire… et elle n'était pas sans appréhender le grand moment des révélations. Elle doutait. Beaucoup trop sûrement. Mais elle avait déjà trop attendu, continuer ainsi aurait été ridicule. C'était ça ou partir, et elle ne voulait plus tellement quitter Sunnydale… pas maintenant qu'elle l'avait retrouvé Lui .

« Potentielle Iliana, tu dors ou quoi ? Si tu ne suis pas le rythme tu vas me faire deux fois le tour du jardin au pas de course, c'est compris ?! »

Iliana sourit en voyant la fausse assurance qu'affichait Kennedy. Mais elle obtempéra et préféra repousser ses idées noires plutôt que de courir !

La moto s'arrêta devant Revello Drive et Faith en descendit. L'adolescente qui se trouvait derrière elle lui tendit son casque et mit pied à terre. Elle se rendit compte que ses jambes tremblaient légèrement.

*Et merde, je suis quand même pas une gosse !*

Faith la précéda vers la porte d'entrée. Il faisait presque chaud ce matin, malgré l'heure matinale, et le soleil était si agréable sur son visage…

*Voilà que je vais devenir romantique…*

Elle pénétra dans l'ombre chaude de la maison, reconnaissant l'odeur de bois et de musc familière.

*Comme quand on rentre à la maison après un long voyage*

Faith posa les casques et lui sourit gentiment. Elles parlaient peu toutes les deux, tout était dans le feeling, dans ces espèces d'ondes qui passent entre les gens qui se comprennent. Avec Mike s'était pareil, et d'ailleurs ça l'avait toujours été avec tout les autres aussi. Peut-être que ça expliquait pourquoi elle se sentait si déplacée parfois parmi les autres ici… ils n'avaient pas la même façon de communiquer, pas le même langage, pas le même vécu surtout.

*Mais je vais faire des efforts… ouai, le Doc sera content de moi comme ça*

Elle avança vers l'autre côté de la maison, où étaient réunies les filles. Elle avait un peu l'impression de sortir d'une longue convalescence, d'un nid douillet et coupé du monde, et il était vraiment étrange de se retrouver à nouveau catapulté dans le vaste

*et mauvais*

monde. La lumière du jour lui fit plisser les yeux. Elle jeta un coup d'œil circonspect à ce qu'elle portait. Des grosses chaussures noires de Faith, un pantalon noir large, un pull kaki et une veste à capuche noire. Ses cheveux étaient défaits, comme toujours, et elle avait retrouvé juste assez de joues pour ne plus passer pour un cadavre.

*Je suis en train de me préoccuper de mon apparence physique… ça va plus moi, faut que je me casse d'ici sinon je vais finir par vouloir devenir une bimbo… Sauvez moi !*

Faith fit un pas sur le perron et s'adressa au potentielles en entraînement.

Faith : Hey tout le monde, regardez qui je vous ramène !

Un murmure, mélange de peur, de mépris et de curiosité agita le groupe à la vue de Jess.

Faith lui fit signe d'avancer. Jess se plaça près d'elle.

Jess (bas, d'une voix teintée d'ironie) : Faut croire qu'elles ont pas oublié mes petits coups d'éclat, hein ? Et même les petites nouvelles sont au parfum, géant !

Faith (de même) : Fais un grand sourire, Jessie !

Jess leva les yeux au ciel et adressa un pâle sourire aux filles : « S'lut ! »

Il y eut un léger flottement.

Jess (à Faith) : Ok, j'me casse.

Mais la Tueuse la retint alors qu'elle tournait déjà les talons, et elle put voir Kennedy et Susanna s'avancer vers elle et lui souhaiter la bienvenue.

Faith : Tu vois ! Je pensai que t'avais appris à avoir un peu plus de persévérance que ça là-bas !

Jess lui lança un regard noir. Puis voyant l'hésitation subsister chez les autres futures élues, elle tenta autre chose.

Jess : Heu… au cas où ça vous intéresseriez, je vais bien, je ne suis ni armée ni shootée… et je ne compte plus faire couler de sang, enfin si… chez nos démons préférés ! Alors, si je peux m'associer à vous pour botter le cul du Premier, je trouverai ça plutôt cool !

Quelques rires fusèrent et des murmures d'acquiescement. Cela suffit à détendre l'atmosphère pour le moment. Jess rejoignit alors le groupe et due cette fois participer à l'entraînement. Et il fallait avouer qu'il n'était pas désagréable de se défouler un peu, même si son corps lui paraissait encore relativement fragile et engourdis.

*Alors voilà, je suis une potentielle. J'aurais pensé que se serait différent, qu'on vous donnait un badge ou quelque chose, pas qu'on vous propulsait juste comme ça dans le bain… Potentielle Jess, ça sonne bien ! Alors bye bye Jess la squatteuse et salut à toi, oh Tueuse de vampire !*

Faith, accoudée à la rambarde de la terrasse, regardait Jess s'entraîner avec une certaine fierté. La gosse avait vraiment remonté la pente, et cela faisait plaisir à voir ! D'après ce qu'elle avait compris le docteur Vincent avait pas mal suivi l'adolescente, qui était venue le trouver d'elle-même dans son bureau pour lui parler peu après qu'il ait tenté une approche dans le parc de l'hôpital. C'était bien. Jess avait su faire le pas le plus difficile, à présent il s'agirait seulement de la surveiller et de l'entourer le plus possible… Ce n'était surtout pas maintenant qu'il fallait la lâcher, Faith l'avait bien compris. Il est si facile de retomber, en particulier quand on vient juste de se relever… Pour l'heure, une farouche détermination brillait dans les yeux de la gamine, c'était déjà un bon point. Pour le reste, il faudrait aviser au jour le jour ou mieux à la minute la minute. Faith s'en sentait de taille.

Alors qu'elle méditait ainsi, Buffy vint la rejoindre et s'appuya près d'elle à la balustrade. Elles parlèrent alors sans se regarder l'une l'autre.

Buffy : Alors elle est revenue… Elle a l'air en forme, non ?

Faith : Elle a l'air.

Buffy : C'est bien.

Faith : Il va juste falloir que je sois là pour elle à l'avenir.

Buffy (sérieuse) : Tu n'as jamais cessé de l'être, Faith.

Faith : Il semblerait que ça n'est pas été suffisant.

Buffy : Ce n'est pas Chloé, ce n'était pas un suicide. Jess est forte.

Faith : Dans son genre, oui. Et, je sais ce que c'était B… c'était qu'elle était seule et qu'elle avait peur. Je n'était pas avec elle. Arrête d'essayer de me déculpabiliser. C'est un sentiment dont j'ai l'habitude, il m'aide à fonctionner.

Buffy : A agir ? Je connais, mais il fait aussi souvent faire les mauvais choix, ne l'oubli pas.

Faith : Je sais prendre soin de moi, ok ?

Buffy hocha la tête. Silence.

Buffy (désignant les filles) : Discipline, discipline, discipline… le secret de la réussite ! Enfin… d'après Giles.

Faith : Elles font des progrès.

Buffy : C'est nouveau cet optimisme !

Faith : J'y travaille.

Buffy : Oh… sûrement plus qu'à être leur chef.

Faith : Mais tu es là pour ça, pas vrai ? Ton petit discours d'hier soir était éloquent.

Buffy : Peut-être que tu ne laisses pas vraiment le choix, finalement.

Faith (tournant la tête vers Buffy) : Tu dis parce que je n'étais pas là pour Chloé ?

Buffy : Pour ça oui, et pour tout le reste. Tu patrouilles avec Wood, c'est bien, mais qui rassure les filles en attendant ? Qui fait des recherches et élabore des plans ?

Faith : Pas toi, B, et sûrement pas Spike. Ils font tous les recherches, tu te contentes de les lire et de conclure. Et tout le monde doit obéir aveuglément. Il y aura un moment où ça ne collera plus et où ils arrêteront de te suivre.

Buffy : Et tu seras là, c'est ça ? C'est un peu facile…

Faith : Facile ? Non, ça ne l'est pas. Tu veux être le chef, B ? Mais tu te coupes de chacune d'entre elles ! Tu as du mal à comprendre pourquoi j'aide Jess parce que tu oublies qu'elles sont des êtres humains et pas une armée ou une entité de filles !

Buffy : Laisse tomber. 

La Tueuse blonde se détourna et rentra dans la maison. Faith soupira. Qui fuyait maintenant ? Pas elle. Les rôles étaient inversés, semblait-il.

Buffy se dirigea vers la cuisine et y entra au moment où Dawn en descendait les escaliers. L'adolescente avait les traits tirés, pâle et échevelée.

Buffy : Tiens, la sœur prodigue émerge !

Dawn : Crie pas si fort !

Buffy : Je ne crie pas, tu as la gueule de bois c'est tout. Ca t'apprendra à faire n'importe quoi !

Dawn (s'asseyant) : Tu crois pas que tu m'as déjà assez engueulée hier soir ? Je crois que j'ai compris le message tu sais ! J'ai l'impression qu'un tank m'est passé dessus…

Buffy (sèche) : Ca va passer.

Dawn : Non, ce n'est pas que ça, c'est…

La sonnerie de la porte d'entrée retentit.

Buffy : Excuse-moi Dawn mais on en reparlera, ok ?

Elle sortit.

Dawn (pour elle-même) : C'est comme la dernière fois, après mon malaise… mais qui s'en soucie ?

Buffy arriva à la porte et l'ouvrit.

Buffy (surprise) : Vous ?!

Robin Wood : Heu… Bonjour, Buffy. Faith m'a invité à voir votre petit groupe… elle ne vous en a pas parlé, c'est ça ?

Buffy : Eh bien…

Faith (passant devant Buffy) : Hey, Robin ! Toujours ponctuel, hein ?

Wood : Faith.. tu n'as prévenu personne de mon arrivée ?

Faith : Quelle importance ? Ils vont tous être ravis de te voir !

Wood : Si ça doit poser un problème, je préfère…

Buffy : Non, non, entrez… après tout il est bien tant que vous rencontriez tout le monde.

Wood : Bon, merci alors.

Il entra.

Wood : Faith vous a parlé de… (il désigna le sac qu'il tenait en main) Non, j'imagine que non.

Buffy esquissa un sourire.

Wood : Elle veut que je vous le confie… c'est une sorte de trousse de secours qui appartenait à ma mère… si vous voulez l'étudier…

Buffy (touchée) : Oh… c'est très gentil. (elle lança un regard à Faith) Tu es sûre que…

Faith : Vas-y B.

Buffy : On va s'atteler à découvrir ce qu'elle contient tout de suite.

Wood : Il y a une sorte de boite à l'intérieur que je n'ai jamais pu ouvrir… peut-être le pourrez vous en tant que Tueuse…

Buffy : Oui, oui, sans doute. Merci encore de bien vouloir nous la donner.

Wood : Cela vous revient de droit je suppose.

Faith : Bon, je ne voudrai pas casser les effusions mais… je te fais visiter ?

Wood (souriant) : Allons-y !

Satanée pâte à tarte ! Comment est-ce qu'on était censé mélanger tout ça ? Et puis, pourquoi les livres de cuisine se contentaient d'aligner des mots incompréhensibles ? Y avait-il une personne sur Terre qui savait ce que voulait dire « faire blanchir » par exemple ? Est-ce qu'il fallait prendre de la peinture blanche ou bien exposer les aliments aux rayons du soleil ? Andrew soupira.

*J'ai été maléfique, je suis un otage… pourquoi je dois cuisiner, c'est pas juste ! Et puis d'abord où est passée Buffy, elle avait promis de m'aider… j'en ai marre ! Je m'ennuis ! Je préférais avant, quand on avait un trio surpuissant et qu'on faisait peur à la Tueuse… Allez, courage Andrew, il reste plus beaucoup de temps à attendre avant l'Episode Trois de Star Wars !*

Le jeune homme se dirigea vers le salon et tomba sur Faith et Wood.

Andrew : Vous êtes le proviseur, pas vrai ? J'ai entendu parler de vous…

Wood (lui serrant la main) : C'est moi.

Andrew : Faith et Buffy se disputent tout le temps à cause de vous ! Y a de l'orage dans l'air comme on dit…

Wood : Heu…

Faith : Robin, voici Andrew, le type qu'on retient captif officiellement et qu'on protège du Premier parce qu'il a la frousse…

Andrew : Hé ! Arrête de dire ça ! Et puis d'abords je suis un ancien méchant, ne l'oubli pas jeune présomptueuse !

Faith (se rapprochant de lui avec un sourire) : Et je suis la Tueuse, la psychopathe qui pourrait bien te jeter dehors, à la merci des démons, si tu continues…

Andrew (pas rassuré) : Même pas peur. Buffy me protègera.

Faith : On parie ? Après tout, c'est toi qui raconte des trucs à mon sujet…

Andrew : Non, c'est… ok, mais aussi t'arrête pas de manger tous MES gâteaux. C'est nul.

Faith (incrédule) : Tes gâteaux ? T'as qu'à mettre ton nom dessus… Bon, Robin, on y va ?

Wood (à Andrew) : Désolé pour vos gâteaux… Elle peut-être particulièrement emportée, cela dit, si j'étais vous j'éviterai de trop l'énerver…

Sur ces mots, le proviseur suivit Faith, un sourire amusé aux lèvres.

Andrew (pour lui-même) : Mon nom est déjà dessus ! Puisque c'est ça, je ne montrerai mon plan de bataille, enfin mon « dessin de mise en situation », qu'à Buffy !

Très satisfait de lui-même il attrapa un tableau blanc, sur lequel était dessinée une sorte de carte de Sunnydale en couleur, et se mit en quête de la Tueuse blonde.

Suite PARTIE 2